Discussions sur le déblocage du prêt du FMI à la Tunisie

“La décision finale d’octroi à la Tunisie, de la deuxième tranche du prêt du Fonds monétaire international, sera prise, au cours de la troisième semaine du mois de décembre courant, lors de la réunion du Conseil d’administration du FMI et en présence de tous les pays membres du Fonds” a indiqué à l’Agence TAP, une source bien informée, de la Banque Centrale de Tunisie (BCT).

Cette décision se basera, a-t-elle précisé, sur le rapport final de la mission du FMI en Tunisie (du 12 au 27 Novembre 2013), dont des extraits ont été publiés par le fonds, le 2 décembre, dans un communiqué. Le FMI a fait savoir que les discussions entamées avec la Tunisie, pour compléter les première et deuxième revues du programme économique et de réformes « sont à un stade très avancé».

Ce programme est appuyé par un accord de confirmation d’un montant de 1,7 milliard de dollars (2,8 milliards de dinars), sur 24 mois, approuvé en faveur de la Tunisie par le Conseil d’administration du FMI, le 7 juin 2013. A cette date, le fonds avait mis à la disposition immédiate du pays, un décaissement de 150,2 millions de dollars (environ 247,8 millions de dinars).

Selon le communiqué, “cet accord appuie le programme de réformes de la Tunisie sur la période 2013-2015, visant à préserver les marges de manœuvre budgétaire et extérieure, encourager une croissance plus forte et inclusive et protéger les couches les plus vulnérables”.

Dressant un état des lieux de la situation socio-économique en Tunisie, le Fonds a estimé qu’«au cours des derniers mois, des chocs exogènes et endogènes importants ont posé de sérieux défis, à l’économie tunisienne».

«Ainsi, en 2013, la reprise de l’économie tunisienne s’est poursuivie à un rythme plus faible que prévu, avec un taux de croissance réel estimé à 2,7 %, tiré par les services publics et privés. L’inflation globale s’est réduite à 5,8% à fin octobre (glissement annuel) et les tensions inflationnistes devraient continuer à s’atténuer pour se situer à 5,5 % à la fin de l’année suite à un ralentissement de la hausse des prix des produits alimentaires et grâce à une politique monétaire prudente. Le déficit des transactions courantes continue à se creuser et restera autour de 8,2% en 2013, suite au faible niveau des recettes touristiques conjugué à la demande extérieure déprimée de biens tunisiens”.

Quant au déficit budgétaire, il se creuserait, selon les experts du FMI, à 8,8% du PIB (sur base caisse, hors dons et produit des privatisation) en 2013, suite à l’augmentation des subventions énergétiques, des paiements d’arriérés plus élevés que prévus ainsi que des dépenses additionnelles relevant du budget de l’année 2012 mais payées pendant la période complémentaire.

« La longue gestation du processus transition politique ainsi que des incidents sécuritaires ont eu un impact négatif sur la confiance dans l’économie tunisienne, se traduisant par un ralentissement de la croissance, un retard dans la mise en place des réformes et un prolongement de l’attentisme des investisseurs », ont-ils encore, précisé.

Partant, l’institution financière internationale a jugé que les risques à court terme pour les perspectives de l’économie tunisienne sont importants et de tendance baissière. Elle a estimé que des actions immédiates et urgentes sont nécessaires pour maîtriser les déficits budgétaire et extérieur, réduire les vulnérabilités du secteur bancaire, et générer une croissance plus élevée et inclusive qui puisse absorber le chômage et réduire les disparités sociales et économiques.

D’après le FMI, «un rééquilibrage vers plus de consolidation budgétaire – tout en préservant les dépenses sociales prioritaires et les investissements publics générateurs de croissance – ainsi que la poursuite d’une politique monétaire plus restrictive, et une politique de change plus flexible sont essentiels pour préserver la stabilité macroéconomique».

Le fonds a considéré “qu’il serait essentiel d’accélérer davantage la mise en œuvre du programme de réformes du gouvernement pour générer une croissance plus élevée et inclusive, y compris à travers la réforme du secteur bancaire, la mise en œuvre de nouvelles procédures de passation de marché, du nouveau code d’investissement, et de l’adoption d’un programme d’appui aux ménages vulnérables”.