Autre sonorité que la musique, c’est aujourd’hui le bruit strident des meules à disques, que l’on entend au Théâtre Antique de Carthage où une partie du parking a été aménagée en atelier-chantier.
S’y activent des personnages aux cheveux salis. Ce sont des sculpteurs de renommée internationale, tels que Mario Tapia, Adriano Ciarla, Ulises Jimenez Obregon ou Salah Hammad qui travaillent avec puissance et délicatesse la pierre dure qui prend volume, forme, et vie.
Bravant le vent et la pluie, certains d’entre eux portent des masques à cartouches et des lunettes de protection de la poussière blanche qui vole de toutes parts où quelques tentes ont été mises sur pied pour les protéger des hasards du temps.
Peu à peu, leurs sculptures se dévoilent pour le vernissage de ce 1er symposium international de sculpture sur la pierre marbrière qui aura lieu le samedi 16 novembre prochain in situ. D’autres sont déjà réalisées, à l’instar du travail de l’Iraqien Ali Al Noori, remarquable sculpture où l’on découvre un homme accroupi, qui tente de s’extraire avec puissance des strates dans l’or gris, ce marbre de Thala révélé sous le coup du burin martelé, et illuminé par un puissant jet d’eau.
Minutieusement, l’italien, d’origine équatorienne, Mario Tapia, sculpte une femme au safsari qui l’a inspirée de l’affiche du film “Un été à la Goulette”, grand classique de Férid Boughedir.
Au sujet de son travail, ce petit homme un brin timide, auteur d’une sculpture de 7 m intitulée “Mariana de Jesus Parades y Flores” réalisée pour le Vatican, a voulu souligner les traits de beauté de la femme tunisienne à travers ses yeux et sa bouche. Il avoue en souriant “sur image, je n’avais pas pensé que le safsari était aussi difficile à travailler dans les creux et les formes mais qui ce modèle vivant, qui se tient en face de moi, me permet de voir toute la différence”.
Sous le coup magique du burin, Adriano Ciarla, célèbre sculpteur italien, fait émerger de la pierre une mère et son enfant aux traits finement ciselés dans une oeuvre relevant de l’école classique. “Il faut dire que la sculpture constitue l’art le plus social” tient à souligner l’artiste. il explique qu’il a voulu mettre l’accent sur les détails des visages de la mère et de l’enfant en marquant d’une empreinte impressionniste le reste de la sculpture.
Cet italien vit à Carrare, l’une des villes italiennes connues mondialement pour ses carrières de marbres et qui a servi de mine à des peintres, artistes et sculpteurs, tels que Michel-Ange. D’ailleurs, les colonnes de la Tour de Pise y ont été puisées.