Le lancement effectif du dialogue national prévu demain, mercredi 23 octobre intervient après plus de deux semaines de tractations dans le cadre de réunions préparatoires regroupant le quartette (UGTT, UTICA, LTDH, conseil de l’Ordre des avocats) et les partis signataires de la feuille de route.
Cette date, faut-il le rappeler, coincide avec le deuxième anniversaire des élections de l’Assemblée nationale constituante du 23 octobre 2011. Pour l’essentiel, le quartette auteur de l’initiative propose la démission du gouvernement et le choix, sur fond de compromis, d’une personnalité nationale indépendante qui se chargera de former un cabinet de compétences et dont les membres ne se présenteront pas pour les prochaines élections.
Une feuille de route pour lancer l’initiative est établie sur la base de la démission du gouvernement et de la reprise des travaux de l’Assemblée nationale constituante en présence de tous les élus y compris ceux qui se sont retirés de l’ANC au lendemain de l’assassinat de l’élu Mohamed Brahmi, le 25 juillet 2013 journée de célébration de la fête de le la République.
Le deuxième assassinat politique dans le pays après celui de l’opposant de gauche Chokri Belaid, six mois plus tôt.
Pour rappel, le 6 août 2013, le président de l’ANC Mustapha Ben Jaafar décide la suspension des travaux à l’hémicycle du Bardo jusqu’à l’ouverture d’un dialogue entre tous les acteurs politiques. Ennahdha affiche son adhésion à l’initiative du quartette et sa pleine disposition à entamer le dialogue national sans conditions. Mais pour l’UGTT, la réponse du parti majoritaire au pouvoir est restée « ambiguë » notamment en ce qui concerne l’acceptation de la démission du gouvernement selon les délais fixés. Des marches pacifiques sont organisées dans les régions en signe de soutien à l’initiative du quartette.
Pour Ennahdha, le changement du gouvernement va de pair avec le parachèvement des missions constituantes. Dans un communiqué publié samedi dernier, le mouvement rappelle l’accord convenu lors de la séance de dialogue du 18 octobre courant qui a été l’occasion de se mettre d’accord sur le parallélisme entre les processus. Cela signifie, selon Ennahdha, qu’aucun changement gouvernemental ne sera effectif qu’après l’adoption de la Constitution et le parachèvement de la mission constituante.
Pour sa part, Nidaa Tounès insiste sur l’impératif d’annoncer dès la première séance de dialogue la formation d’un gouvernement de compétences, dirigé par une personnalité nationale indépendante, dont les membres ne se présenteront pas au prochain gouvernement, qui remplacerait l’actuel gouvernement.
Le parti estime que le retour des députés dissidents est lié à la concrétisation des engagements précités sans condition ou réserve. Cependant, le Front populaire qui a exprimé son attachement à participer au dialogue national et à garantir son démarrage dans les meilleures conditions affirme maintenir sa marche du 23 octobre malgré le démarrage du dialogue national à la même date. La date du démarrage du dialogue national a été annoncée par le secrétaire général de l’UGTT au lendemain de l’attaque terroriste à Gbollat dans le gouvernorat de Béja, le 17 octobre au cours de laquelle deux martyrs sont tombés dans les rangs de la Garde nationale.
Pour toutes les formations politiques, cet incident vient souligner, encore une fois, l’impératif de resserrer les rangs pour combattre le phénomène du terrorisme et placer l’intérêt du pays au-dessus des divergences politiques. La séance inaugurale des réunions informelles du dialogue qui a eu lieu le 5 octobre a été marquée par la signature par 21 partis, de la feuille de route élaborée par les parrains du dialogue, après une légère modification du texte initial relative au parachèvement des travaux de l’ANC.
Le parti du Congrès pour la République (CPR), le parti de la Réforme et du développement et le courant “Al Mahaba” ont refusé de signer le document, arguant du fait que cette signature n’était pas une condition préalable au démarrage du dialogue et déplorant « la tentative de certaines parties de s’approprier le dialogue national ». Une série de réunions informelles ont été lancées à partir du 7 octobre pour examiner particulièrement la mise en place de l’ISIE et le parachèvement des travaux de l’ANC.