Ferveur pieuse et recueillement étaient de mise, lundi, au Mont Arafat pour le grand Rassemblement rituel, acte cardinal du Hajj. Quelque un million et demi de pèlerins en provenance de toutes les contrées de la planète, dont 8300 pèlerins tunisiens. S’y ajoutent les pèlerins locaux qui ont afflué en masses compactes. Ils avaient passé en prières et en méditation toute la journée de dimanche 8 Dhoul-Hajja, journée de la « Tarouia », au sanctuaire sacré de Mina, comme le veut la tradition inaugurée par le Prophète, Bénédiction et Paix divines sur lui.
Après la station debout du matin, les pèlerins ont accompli les prières du Dhohr et du Asr et écouté le prêche du Hajj à la Mosquée de Namira, autre étape importante du parcours initiatique des Hôtes de Dieu.
Les masses compactes de prieurs ont dû se serrer pour trouver assez de place dans les travées du monument contemporain du prophète, d’une superficie d’un hectare couvert. Les autres ont dû se contenter des esplanades alentour qui s’étendent sur près de 8.000 mètres carrés.
Comme le veut l’ordre rituel, les pèlerins ont attendu la tombée de la nuit dans le périmètre d’Arafat d’où ne cessaient de s’élever les suppliques liturgiques reprises en choeur par des centaines de milliers de gorges. Au coucher du soleil, les fidèles commencent à affluer vers Mozdalifa pour les prières du Moghrib et du Icha et pour y passer la nuit jusqu’au premières lueurs de l’aube.
C’est l’heure de la prière du Sobh mais aussi celle de reprendre la route en un interminable cortège d’autocars et de dizaines de milliers de piétons haletants. Destination: de nouveau Mina, pour l’accomplissement du rite, non contraignant, de la lapidation de la Grande Stèle d’Al-Aqaba symbolisant Satan. Les pèlerins jettent chacun sept petites pierres aux cris d’Allah Akbar.
Toujours à Mina, les pèlerins qui le désirent ou qui en ont les moyens procèdent, le 10 Dhoul-Hijja, aux sacrifices rituels de l’Aïd Al-Idha, soit au titre d’Adhahi, en souvenir du Sacrifice d’Abraham, soit au titre de Hadi, pour valider un rite du Hajj entaché d’erreur.
Avant de quitter le sanctuaire de Mozdalifa, les pèlerins s’étaient fait couper ou, du moins, raccourcir les cheveux, signe de rupture de leur état d’Ihram (état de sacralisation) qu’ils parachèveront par le Tawaf (circumambulations autour de la Kaaba) final ou Tawaf Al- Ifadha, à Makkah Al-Moukarramah et par la navette (7 allers-retours) entre Assafa et Al-Marwa, deux emplacements marqués de deux pierres antiques dans la partie est de la sainte Mosquée du Haram.
Il est par ailleurs recommandé aux pèlerins de passer les trois nuits d’Attachriq (les 11, 12 et 13 Dhoul Hijja correspondant cette année aux 16, 17 et 18 octobre) à Mina et d’accomplir le Tawaf d’Adieu, marquant ainsi la fin effective du Jajj et du séjour à Makkah Al-Moukarramah.
La réduction, cette année, des effectifs de pèlerins (- 21 %) pour cause de travaux d’aménagements de l’esplanade, des terrasses et surtout d’un nouveau chemin suspendu de Tawaf, a permis l’acheminement des Hôtes de Dieu jusqu’au Mont Arafat et inversement dans des conditions optimales.
De grands efforts ont néanmoins été nécessaires aux niveaux des services, de la logistique et de la sécurité pour permettre aux pèlerins de se consacrer à l’accomplissement de leurs rites dans la sérénité et en toute quiétude. Pour faciliter les choses, il y a eu surtout la mise en Place d’un plan d’organisation qui a fait ses preuves.
Quelque 570 autocars ont été mis à disposition pour l’acheminement des pèlerins à Makkah en passant par les étapes obligées de Mina, Mont Arafat, Mozdalifa et de nouveau Mina. Des unités de police et de gendarmerie ont été déployés en forces sur les principaux axes routiers et dans les sanctuaires sacrés pour veiller à la sécurité des pèlerins et empêcher toute tentative d’installation sur la voie publique.
Une navette ferroviaire a été également mise en service, pour pallier l’interdiction de circulation des voitures particulières. Une des innovations a consisté à réaménager le viaduc depuis la rambarde duquel les pèlerins procèdent à la lapidation des stèles, opération qui provoquait il y a tout juste quelques années non seulement des bousculades meurtrières mais aussi des blessures graves par jets de pierres malencontreux.
Quelque 1600 jeunes, filles garçons, ont été d’autre part mis à pied d’oeuvre pour assister les pèlerins qui en auraient besoin, notamment aux arrêts de train et un peu partout dans les Lieux saints.
Côté sécurité, 18 hélicoptères et 1167 caméras de vidéo- surveillance reliés à des salles d’opérations centralisées veillent au grain, sans compter la mise en place d’un service de messagerie par SMS pour l’information et l’orientation religieuse des pèlerins dans de nombreuses langues, afin de les aider à accomplir au mieux leurs rites.
Les autorités saoudiennes ont par ailleurs interdit les manifestations et autres comportements incompatibles avec les bons usages du Hajj, à l’instar de l’utilisation de slogans politiques et vindicatifs.
Selon les statistiques officielles saoudiennes, 1.292.098 pèlerins étrangers sont arrivés jusqu’à lundi dans le royaume par voie aérienne, 72.535 par voie terrestre et 14.898 par voie maritime. 188 nationalités sont représentées.