Le chef du gouvernement provisoire Ali Larayedh a souligné que « la multiplication des mouvements et autres rassemblements qui imposent à l’armée et aux forces de l’ordre d’en assurer la protection revient à disperser le potentiel des deux institutions et à les contraindre à se trouver là où elles ne devraient pas être au lieu d’être dans les endroits où des opérations terroristes les appellent ».
Ali Larayedh prononçait, mardi, une allocution à l’adresse des députés de l’Assemblée nationale constituante lors de la séance plénière de questions au gouvernement sur la situation sécuritaire dans le pays et dont une partie était consacrée à l’éloge funèbre du député martyr Mohamed Brahmi, assassiné par balles le 25 juillet dernier.
Il a mis en garde contre les risques de « la démarche consistant à menacer de pousser le pays vers la détérioration de la situation politique et sociale, quelles qu’en puissent être les raisons partisanes et idéologiques ».
Le chef du gouvernement a pressé les députés qui s’en étaient retirés de reprendre leurs activités à l’Assemblée constituante comme dans les espaces de dialogue. « Quoiqu’ils aient piétiné, ils n’en ont pas moins produit un projet de Constitution », a-t-il dit, faisant remarquer que la loi portant organisation provisoire des pouvoirs publics donne aux représentants du peuple toute latitude d’infléchir les politiques du gouvernement, voire de changer le gouvernement.
Pour lui, la prédominance du politique a fait que le rôle des partis, organisations et associations soit limité en matière de lutte contre le terrorisme, les appelant à souscrire à la recherche de « compromis réalisables » et estimant qu’ils ne doivent pas se contenter de critiquer et de protester.
Larayedh a en outre appelé les partis politiques et les organisations à consolider la cohésion et l’union nationales, à faire passer la patrie avant toute autre allégeance et à oeuvrer en faveur de l’instauration d’un climat social apaisé, considérant que l’étape présente commande de préserver les avancées déjà accomplies à la faveur du processus de transition.
Il a aussi réaffirmé l’importance qu’il y a d’assurer la permanence de la concertation et du dialogue pour analyser valablement la situation et y remédier, annonçant que l’on s’achemine vers la mise en place d’un conseil consultatif chargé d’évaluer, discuter et proposer des orientations au sujet des principales questions nationales à caractère politique et sécuritaire, outre la formation d’une commission nationale en charge de la lutte contre le terrorisme et dans laquelle seraient intégrées les dimensions éducative, culturelle, sécuritaire et sociale.
Le chef du gouvernement a assuré que la loi sur le terrorisme n’a pas été supprimée et reste en vigueur en attendant qu’elle soit modifiée, estimant qu’elle a aujourd’hui d’autant plus vocation à être appliquée que toutes les garanties de procès équitables et de respect des droits de l’Homme sont réunies.
Pour le chef du gouvernement, la concorde politique et le climat social apaisé ne peuvent qu’accroître les chances de succès de la lutte contre le terrorisme. Il a présenté, dans ce même ordre d’idées, un plan anti-terroriste en six volets se rapportant aux aspects sécuritaire, judiciaire, religieux, culturel et médiatique, auxquels s’ajoutent le rôle des partis et la coopération avec les pays frères et amis. « S’en prendre à l’appareil sécuritaire et à l’armée, qu’il s’agisse de leurs institutions respectives, de leurs hiérarchies ou de leurs personnels c’est s’en prendre à la patrie et à la révolution », a-t-il encore dit.
Après avoir souligné l’importance du rôle des ministères de la Défense et de l’Intérieur pour ce qui est de déjouer les plans et démanteler les cellules terroristes, y compris pour ce qui est de garantir des procès équitables et le respect des droits de l’Homme, Larayedh a indiqué que le ministère des Affaires religieuses s’emploie activement à assurer la supervision des 5.000 mosquées que compte le pays, précisant que les mosquées échappant au contrôle du pouvoir ne sont plus qu’une centaine en 2013, alors qu’elles étaient au nombre d’environ 2000 en 2012.