«Il est impossible d’appliquer la tarification des viandes rouges que le ministère essaye d’imposer», c’est en ces termes que le président de la Fédération nationale des métiers Mustapha Habib Testouri s’est exprimé dans une interview, à l’agence TAP, après la décision du ministère d’appliquer des tarifs uniques à la vente des viandes rouges.
A quelques jours seulement de Ramadan, mois pendant lequel la consommation de plusieurs produits, dont les viandes, atteint des pics, ces tarifs maximums demeurent objet de polémique entre les deux parties. Le ministère du commerce et de l’artisanat avait fixé les prix maximums de vente au public de la viandes ovine, à partir du 24 juin, à 16 dinars/kg, la viande bovine désossée à 15,500 dinars/kg, la viande bovine côtelettes à 13,200 dinars/kg et la viande bovine avec os à 9,700 dinars/kg.
Le boucher face à trois solutions: la fermeture, l’arnaque ou la vente à perte.Pour le responsable syndical, aucun commerçant ne peut être obligé à vendre à perte. Trois solutions sont offertes aujourd’hui au boucher, la fermeture du local, l’arnaque ou la vente à perte, a-t-il dit.
«Les tarifs décidés sont incompréhensibles et favorisent l’escroquerie ce que nous refusons» a-t-il ajouté. Pour lui, la viande ovine à 16 dinars le kg ne signifie nullement la viande d’agneau à 16 dinars d’autant que le terme ovin “englobe l’agneau, les chèvres et les vieilles brebis”. Idem pour le terme « viande bovine » qui ne détermine pas le genre de viande : veaux ou vaches réformées (les vaches laitières réformées s’élèvent à 100 mille par an), lesquelles peuvent être vendues aujourd’hui à un prix supérieur à son prix auparavant (environ 15 dinars au lieu contre 12 dinars).
Il a exprimé son étonnement de voir le boucher prendre l’initiative de revendiquer l’utilisation des tampons (rouge, vert et bleu) décrivant la bête et garantissant la transparence en ce qui concerne la qualité de la viande vendue. Il s’est interrogé sur l’intérêt des consommateurs dans le mélange entre les viandes produites localement et celles importées.
Le président de la Fédération a estimé inacceptable la poursuite de cette politique qui consiste à comprimer les prix aux niveaux de la vente par les bouchers (objet de diffamations et de procès verbaux), d’autant qu’il s’agit du dernier et plus faible maillon dans cette filière. Il a toutefois reconnu l’existence de défaillances dans le secteur des bouchers.
D’après ce responsable, le boucher n’a pas intérêt à vendre les viandes rouges à un prix élevé d’autant que leur consommation a baissé de 70% selon les statistiques de la fédération. La consommation moyenne du tunisien est passée à 7 kg par an contre environ 12 kg auparavant.
Concernant les viandes importées pour réguler le marché, M. Testouri dit regretter que cet objectif n’ait pas été atteint, d’autant que ces viandes n’ont pas été commercialisées par les bouchers au profit du consommateur ordinaire. Elles ont été plutôt orientées vers les unités touristiques et les restaurants classés à Tunis et ses banlieues, a-t-il affirmé. Seules quelques quantités ont été orientées vers les grandes surfaces, a-t-il encore précisé.
Pour lui, la responsabilité exige de contrôler les sociétés importatrices qui bénéficient d’exonérations fiscales sans pour autant s’acquitter convenablement de leur devoir. Il s’est étonné de ne pas voir le groupement interprofessionnel des viandes rouges et du lait GIVLAIT assurer le contrôle de la distribution des viandes importées. «Il ne s’agit pas d’un bras de fer mais d’une question nationale qui exige la compréhension et une démarche rationnelle afin de trouver des solutions satisfaisantes pour toutes les parties » a-t-il ajouté.