Comment la Tunisie de demain doit- elle se positionner par rapport aux autres pays du monde? Et comment appréhender les dimensions politiques, sécuritaires, socio-économiques et culturelles en politique étrangère? Voilà quelques unes des questions auxquelles les participants au colloque organisé, mardi, par le Cercle diplomatique sur “la politique étrangère pour la Tunisie de demain”, ont tenté d’apporter des réponses.
“Bien que la responsabilité première de définir et de mener la politique étrangère d’un pays revient aux autorités démocratiquement élues, les Tunisiens sont en droit d’attendre que les choix stratégiques fassent l’objet d’un consensus et servent les intérêts de la nation”, a indiqué Ali Hachani, ancien ambassadeur et coordinateur du Cercle diplomatique.
L’ancien ministre tunisien des Affaires étrangères Ahmed Ounaies a souligné que “l’amélioration de l’image de la Tunisie dépend en premier lieu de l’adoption d’une bonne politique et de la consécration d’une confiance entre gouverneur et gouverné”, évoquant les importantes sommes d’argent investies par le régime de Ben Ali dans des agences de relations publiques américaines et françaises, sans pour autant réussir à promouvoir l’image du pays à l’étranger.
Se livrant à une lecture de la diplomatie tunisienne depuis l’Indépendance, Ghazi Mabrouk, conseiller spécial de l’Observatoire européen du Maghreb, a fait remarquer que trois approches se sont succédé durant le demi-siècle écoulé “pour doter la Tunisie d’une image porteuse de par sa dimension géostratégique limitée”.
La première remonte à l’époque de Bourguiba qui, a-t-il dit, a su développer un véritable lobbying avec les réseaux d’influence occidentaux pour imposer l’image de la Tunisie et lui permettre de se placer sur la scène internationale.
La deuxième, celle de l’après 7 novembre 1987, a été, selon lui, basée sur des mensonges et des travestissements des réalités, l’habillage médiatique et les tromperies sur les chiffres pour faire paraître la Tunisie comme un pays émergent. “Après le 11 janvier 2011 libérateur, la diplomatie tunisienne est prise dans le bipolarisme du tempérament des présidences du gouvernement et de la république” a-t-il relevé, soulignant qu’au moment où l’image de la Tunisie a besoin de relookage, la diplomatie “économique” tunisienne et les rapports avec les réseaux d’influence européens et les instances internationales demeurent inexploités.
Pour Ahmed Néjib Chabbi, président de la Haute instance politique d’Al-Joumhouri, il est important d’entretenir nos relations séculaires avec l’Occident et s’ouvrir en même temps sur les forces économiques émergentes, car “même si la crise en Tunisie est politique, le principal enjeu demeure économique puisque ce sont principalement les motivations socioéconomiques qui ont servi de détonateur à la révolution”, a-t-il précisé.
De son côté, le président de la Chambre de commerce franco- arabe et ancien ministre français des Affaires étrangères, Hervé De Charrette, a relevé que la dynamisation de l’Union du Maghreb arabe et le renforcement de la coopération euro-méditerranéenne aux plans économique et sécuritaire constituent les enjeux de l’avenir, soulignant que l’Afrique offre aujourd’hui plusieurs opportunités d’investissement et de partenariat en vue de soutenir la concurrence avec les pays asiatiques.
Les travaux du colloque se sont poursuivis sous forme de panels sur les dimensions socio-économiques et culturelles de la politique étrangère et les appartenances géopolitiques de la Tunisie. Le Cercle diplomatique se compose d’anciens diplomates tunisiens et d’experts en géostratègie. Il fonctionne comme un “Think Tank”, une sorte de laboratoire d’idées et une espace de dialogue sur les questions liées aux relations internationales de la Tunisie.