La première audience du procès des trois activistes européennes du mouvement Femen a été levée en fin de matinée, le Tribunal de première instance de Tunis devant décider en cours d’après-midi de la suite à donner au jugement après les plaidoiries de la défense et la formulation des demandes de la partie civile. Les trois jeunes femmes, deux ressortissantes françaises et une Allemande, comparaissaient en état d’arrestation.
Elles avaient été interpellées la semaine dernière alors qu’elles manifestaient seins nus devant le Palais de Justice pour réclamer la remise en liberté de l’activiste tunisienne du même mouvement Amina Sboui, connue sous le pseudonyme Amina Tyler, écrouée depuis le 19 mai dernier. Le ministère public avait décidé de les poursuivre pour les chefs d’inculpation d’attentat délibéré à la pudeur publique et d’attentat aux bonnes moeurs.
La défense a demandé à la cour de rejeter les demandes de report et celles des parties qui s’étaient constituées partie civile et de prononcer la relaxe des prévenues, apprend l’agence TAP auprès de l’avocate Leila Ben Debba. En cela, le collectif de défenseurs des activistes a “invoqué un principe juridique qui dénie à certaines associations le droit de se porter partie civile en matière d’attentat à la pudeur publique”, a-t-elle ajouté, indiquant qu’en cas de report du process, la défense respectera la décision de la cour mais demandera la libération provisoire des prévenues.
Les avocats de la partie civile avaient demandé le report pour disposer du temps suffisant pour étudier le dossier et déposer les commissions d’un certain nombre d’associations féminines ou à caractère religieux, selon Me Monem Turki. L’avocat a nié l’existence du principe juridique invoqué par Me Ben Debba, faisant état d’un certain nombre d’associations ayant statutairement pour vocation de défendre la dignité de la femme.
Or, a-t-il argué, “il y a bien eu violation de cette dignité par les agissements de ces activistes en se dénudant en public”. De tels actes, a-t-il encore estimé, “constituent une atteinte à la morale et aux préceptes de l’islam sans compter que la loi fixe des limites à la liberté vestimentaire”.
Une autre activiste de nationalité ukrainienne, venue en début de semaine dans le but de se solidariser avec les militantes arrêtées du mouvement Femen, avait été expulsée mardi du territoire tunisien par les services de police, a-t-on par ailleurs appris auprès du ministère de l’Intérieur qui ajoute qu’une activiste biélorusse avait été expulsée le même jour et une troisième activiste ukrainienne ce mercredi. Le ministère précise que cette décision avait été prise “au vu de la disponibilité de renseignements sûrs faisant état de l’intention des activistes en question de mener une action protestataire à Tunis en se dénudant lors du procès des trois activistes écrouées du mouvement Femen”.