Le phénomène salafiste en Tunisie : entre l’action pacifique et la violence en débat

Le phénomène salafiste entre l’action pacifique et la violence a été au centre d’un débat organisé, jeudi, à Tunis, à l’initiative du centre d’études Islam et Démocratie (CEID), en présence de chercheurs en sciences humaines.

Prenant la parole, le professeur d’histoire islamique à l’université de la Manouba, Néji Jelloul a mis l’accent sur la nécessité d’associer les experts à l’étude du phénomène salafiste, qui, a-t-il dit, est un phénomène juvénile annonciateur de l’effondrement de l’ordre mondial.

Quelle est la source étrangère de financement des associations religieuses en Tunisie ? s’est-il interrogé. Le traitement du phénomène salafiste passe inéluctablement par la lutte contre la marginalisation et la pauvreté, la réforme du système éducatif et l’application effective de la Loi, a-t-il soutenu.

Pour le chercheur de l’Institut tunisien d’études stratégiques, Mohamed Haj Salem, le phénomène salafiste est une traduction fidèle de la crise des valeurs qui secoue le pays en cette période transitoire, faisant état de l’apparition de plusieurs incivilités en rapport avec le processus révolutionnaire. Les discours haineux ont nourri le phénomène de la violence dans la société, ce qui commande, a-t-il dit, de plaider en faveur du dialogue en tant que moyen de règlement des différends sociaux.

Le phénomène salafiste en Tunisie est le corollaire logique de la montée de l’extrémisme et du fanatisme parmi les sympathisants de la mouvance salafiste, a constaté cheikh Bechir Ben Hassine, vice-président de la Ligue tunisienne des ulémas et des prédicateurs.

Nous avons mis en garde contre la montée du phénomène salafiste, a-t-il dit, appelant à la nécessité d’élaborer un projet de sensibilisation et de conseil destiné aux jeunes fanatiques qui ont opté pour la violence verbale et physique. La religiosité a été, pendant longtemps, réprimée par l’ancien régime qui avait adopté une politique sécuritaire fondée sur l'”assèchement des sources”, tel que la fermeture de la mosquée Ezzitouna, laissant ainsi les jeunes, en quête d’un équilibre spirituel, en butte aux contingences du discours religieux.

la vacuité spirituelle, la confiscation de la chose religieuse et la méconnaissance des textes religieux, sont les principales raisons qui poussent les jeunes à verser dans la vengeance, la haine et la rancœur, a-t-il justifié.