Le ministre de la santé, Abdellatif El-Mekki, a appelé samedi à Sfax les médecins témoins d’actes de torture sous l’ancien régime à l’encontre de prisonniers ou de personnes détenues “à présenter volontairement un rapport sur les atrocités dont ils ont été témoins”.
“Une minorité de médecins ont été complices d’actes de torture par leur silence ou pour avoir maquillé des faits. Ils seront traités comme témoins et non pas comme des personnes impliquées dans la mesure où les crimes de torture ne sont pas prescrits”, a dit M. El Mekki à l’ouverture de la 9eme journée de médecine légale tenue à Sfax.
Le ministre a expliqué qu’en accord avec le ministère de la justice et le comité de la croix rouge il a été décidé le transfert des départements médicaux relevant des institutions sécuritaires et pénitentiaires au ministère de la santé. Des pavillons ont été réservés aux prisonniers dans les grands hôpitaux afin d’assurer aux détenus et aux personnes arrêtées les prestations sécuritaires et hospitalières nécessaires.
M. El-Mekki a affirmé que son département et le gouvernement s’engagent à concrétiser les recommandations de la réunion affirmant l’importance de la contribution des experts en matière de médecine légale dans la protection de l’intégrité physique des personnes.
Pour ce qui est des grèves de la faim, M. El Makki a expliqué que ce phénomène nécessite une profonde réflexion en raison de sa multiplication essentiellement après la révolution soulignant la gravité de certains cas qui ont abouti au décès des grévistes de la faim qui ont refusé l’intervention des médecins.
“Nous devons trouver des solutions techniques, médicales et juridiques pour la problématique de prise en charge des grévistes de la faim et de la torture dans le respect des valeurs universelles des droits humains et des préceptes de la religion islamique”, a expliqué de son coté Samir Maatoug, chef de service de médecine légale à l’hôpital Habib Bourguiba.
Le programme de la journée a comporté deux communications. La première a porté sur “La torture et le rôle du médecin” présentée par Jean Pierre Restellini, membre de la commission européenne de prévention de la torture. La deuxième intervention a été donnée par Delfine Bermijn, membre de la délégation régionale du comité international de la croix rouge.
Le débat a posé différentes problématiques portant sur les aspects juridiques, professionnels et éthiques en cas de torture médicalement assistée ainsi que la question de l’information sur les atteintes et le secret professionnel. Des critiques ont été aussi adressées à certaines organisations internationales dont le comité européen, accusées d’avoir gardé le silence concernant certains cas de torture sous le régime de Ben Ali.