Des experts ont appelé samedi à Tunis à l’élaboration d’une charte de la paix civile permettant de faire face au wahabbisme qui menace la société tunisienne.
Certains pays qui soutiennent le wahabbisme critiquent “à titre préventif” la révolution tunisienne craignant que le printemps arabe ne parviennent jusqu’à chez-eux, ont soutenu ces experts, citant la mobilisation de grands moyens de propagande telles les fréquentes visites en Tunisie de Cheikhs wahabites et les messages diffusés par certaines chaînes de télévision satellitaires.
Le wahhabisme, une doctrine encouragée par le colonialisme britannique en Arabie Saoudite, est fondé sur le rejet de toute innovation religieuse et sur la violence tout en accusant leurs détracteurs d’apostasie appelant à leur exécution.
“Les jeunes dans le monde arabe, y compris les jeunes en Arabie Saoudite, sont émerveillés par la révolution tunisienne et tentent actuellement de faire du 11 mars 2013 un printemps saoudien”, a expliqué à l’Agence TAP Riadh Sidaoui, journaliste et politologue tunisien, en marge du colloque international sur la situation au Mali et ses implications sur le maghreb.
“Le mouvement wahabite, soutenu en Tunisie par certains leaders d’Ennahdha, trouve une grande résistance de la part du soufisme tunisien et de la Zeitouna”, a assuré de son coté Mohamed Salah Hidri, politologue, religieux et président du parti de la justice et du développement dans une déclaration à l’agence TAP.
“Les partisans du wahhabbisme en Tunisie ont déjà entamé leur projet par la démolition des mausolées. Ils seront aussi tentés d’attaquer les cimetières et de tuer tous ceux qui ne partagent pas leurs croyances”, a mis en garde M. Sidaoui.
“L’attaque des mausolées n’est que la reproduction d’un phénomène similaire apparu au début du 20ème siècle au Hijaz, en Arabie Saoudite, avec la démolition des maisons historiques des compagnons du prophète pour y construire des hôtels et des boutiques”, a-t-il ajouté.
“Le projet wahhabite se compose de trois étapes importantes. Il s’agit dans un premier temps de l’endoctrinement des jeunes, l’accusation d’apostasie de tous ceux qui ne partagent pas leurs points de vues et la pratique de la violence en légitimant l’effusion du sang, les tueries et les assassinats”, a expliqué de son coté le vice-président de l’Union des confréries soufies en Tunisie Mazen Chérif.
“En Tunisie, nous avons déjà atteint la troisième phase celle de la violence et la destruction des mausolées et l’éloignement de certains imams par la force», a-t-il signalé, plaidant en faveur d’un projet culturel, scientifique et civilisationnel pour protéger le patrimoine tunisien et les jeunes.
“Nous appelons les académiciens et les chercheurs à approfondir la réflexion sur le wahhabisme qui menace notre société et à contribuer à la création d’un front qui prône la modération”, a soutenu M. Chérif.
DI/TAP