Foot – CAN 2013 : Et si le style Trabelsi était le bon pour cette équipe de Tunisie

sami-trabelsi_tunisieEn conférence de presse ou sur le banc de touche, le style oppose les deux hommes et influe sur le rendement de leurs équipes respectives. Il s'agit de Sami Trabelsi, sélectionneur des "Aigles de Carthage" et de Wahid Halilhozic, entraîneur des Fennecs dont le style et tempérament sont nettement à l'opposé.

En effet, la sérénité que dégage Trabelsi dans ses contacts avec la presse, lors des conférences d'avant match ou à l'occasion de ses déclarations d'après match, contraste, diamétralement, avec l'agitation dont fait preuve, constamment, le technicien bosniaque, que ce soit dans ses relations avec les journalistes ou en réagissant aux décisions arbitrales.

Au moment où Trabelsi se défend de commenter toute décision arbitrale, qu'elle qu'en soit la teneur, en dépit de l'insistance de certains journalistes, Hallilozic commente avec virulence la décision du directeur du jeu. Il en a encore donné la preuve jeudi matin, lors d'une conférence de presse animée au Média Centre de Rustenburg, au sujet du contact dans la surface de réparations entre le toulousain Aymen Abdennour et le sociétaire du FC Valence, Sofiane Feghouli en qualifiant de "honteuse" la décision de l'arbitre.

Inversement, arborant toujours un sourire, Trabelsi ne s'est jamais départi de son calme et d'un sang froid qui influe positivement sur le comportement et l'attitude des joueurs, qui, bien que leur prestation n'ait jamais atteint les sommets lors du match contre l'Algérie, ils ont su demeurer patients, jusqu'au coup du génie de M'sakni.

Aux antipodes, le caractère trempé, exagérément provocateur et anxieux du natif de "Jablanica" (à la frontière entre la Serbie et la Bosnie), déteint sur la conduite des joueurs algériens qui ont fait montre, souvent, de précipitation et d'empressement pour atteindre la cage de Ben Cherifia, mais sans succès.

Mais au-delà des apparences, ces attitudes disparates ne reflètent-elles pas l'état d'esprit qui prévaut dans le groupe Tunisie. Une équipe qui, avant le début de la compétition, s'est paré des atours de l'outsider, évitant ainsi la pression qui s'exerce sur les favoris.

msakni_tunisie_can2013N'est ce pas la résultante, aussi, d'une gestion adroite et appropriée de la psychologie du groupe. Ca a tout l'air selon le comportement des joueurs et du staff durant et après le match. Sami Trabelsi le confirme en déclarant à l'agence TAP qu'en tant "que joueur, il était aussi serein que l'entraîneur sous la férule de qui il évoluait, et vice versa, l'anxiété du coach le rendait aussi angoissé que lui".

Une leçon apprise lorsqu'il évoluait sur le rectangle vert et qu'il tente de transmettre, autant que faire se peut, à ses joueurs, assis sur le banc aujourd'hui. Le pari semble réussi au vu de la préparation et de l'entame de la compétition. De plus, la "guerre psychologique" engagée par Wahid Hallilozic, quelques jours avant le match, en commentant la préparation et les choix du clubiste sfaxien, a laissé Trabelsi de marbre, refusant de commenter ces déclarations et évitant de citer le nom de son "collègue", tout en estimant que chaque staff est à même de définir son plan d'action.

A contrario, le sélectionneur des "Fennecs" fait dans la provocation en narguant les journalistes et en s'ingérant dans le travail d'autrui.

Un autre fait mérite d'être signalé et qui dénote la différence d'approche adoptée par les deux techniciens. Autant, les séances d'entraînement des "Aigles de Carthage" sont ouvertes aux médias, qui peuvent interviewer les joueurs désignés à leur guise et assister par là même à une partie de la séance, autant l'entraîneur franco-bosniaque impose un black out quasi-total interdisant à ses poulains de faire la moindre déclaration avant et après les entraînements.

De même, les conférences de presse animées par Hallilozic sont souvent émaillées d'incidents et de petites phrases adressées ou reçues par le coach aux journalistes, alors que ces derniers ne font que transmettre les points de vue et poser les questions de l'opinion publique. A l'opposée, Trabelsi répond à toutes les questions et dépasse même le temps imparti par la CAF, s'offrant même le luxe d'assurer la traduction de l'arabe au français pour satisfaire l'ensemble des médias présents.

Mais cette tranquillité affichée par l'ancien capitaine des Aigles de Carthage ne provient-elle pas des capacités et vertus que doit posséder, naturellement, un défenseur qui, vu son emplacement, a une vue d'ensemble sur le terrain? A l'inverse de l'excitation et des "convulsions" de Hallilozic, ancien attaquant virevoltant qu'il était des "Canaris" et du "PSG", qui piaffe d'impatience d'atteindre son dessein, quitte à sécher par défaut d'organisation et de clairvoyance. Une différence de style donc et une dissimilitude de méthode qui, à première vue et au terme du premier match du tournoi, a porté ses fruits pour les nôtres.

Di/Tap (Hatem Kattou)