Tunisie – Politique : “Seule la justice est habilitée à priver un citoyen de ses droits”, Nida Tounes

Plusieurs partis ont dénoncé, samedi, le projet de loi organique visant à interdire aux anciens partisans du régime de Ben Ali l’exercice de la politique, pendant dix ans.Présenté par le groupe parlementaire Ennahdha et soutenu par quatre autres groupes et des élus indépendants, ce projet de loi a été soumis, vendredi, à la présidence de l’Assemblée nationale constituante.

Le porte-parole du mouvement d’opposition “Nida Tounes”, Lazhar Akremi, a expliqué à l’agence TAP que son parti est ”opposé par principe à la privation de citoyens de leurs droits civiques et politiques sans qu’ils soient condamnés par la justice (…), seule est habilitée à prendre cette décision”.

”Si un tel projet vise à exclure Béji Caïd Essebsi (fondateur et président de Nida Tounes), c’est mal connaître la grandeur de l’homme qui a participé à la consolidation de la révolution pendant sa première année et qui a conduit le pays à bon port dans des conditions difficiles”, s’est-il offusqué.

”L’Assemblée constituante n’a pas été élue pour juger et exclure, mais pour rédiger une Constitution démocratique et associer tous les citoyens à la reconstruction de leur pays”, a-t-il affirmé, indiquant que son parti considère que l’exclusion doit être fondée sur des preuves.

De son côté, le parti “Al Moubadara” de l’ancien ministre de la Défense nationale et des Affaires étrangères de Ben Ali, Kamel Morjane, a affirmé qu’il rejetait ”catégoriquement” ce projet qui constitue ”une punition collective contrevenant aux principes et aux valeurs de la Déclaration universelle des droits de l’Homme”.

”L’exclusion d’une partie du peuple tunisien ne fait pas partie des objectifs de la révolution”, a ironisé la porte-parole du parti, Samira Chaouachi, ajoutant que ”la consolidation de la révolution se fait par la réalisation de ses objectifs et l’adoption d’une constitution qui garantit les droits et les libertés”.

Cette question est du seul ressort de la justice, a-t-elle affirmé, ajoutant que ”les urnes doivent être le seul critère pour désigner les représentants du peuple”.

Le secrétaire général du mouvement Al Watan Mohamed Jegham a déploré, pour sa part, ”qu’un tel projet soit présenté deux ans après la révolution”.

”La révolution est venue rompre avec l’injustice et la dictateur, mais nous voilà revenus à la case départ” a-t-il regretté.

Ce projet est une ”honte” s’est-il écrié, disant craindre des conséquences néfastes sur l’image du pays à l’échelle internationale.

L’organisation américaine de défense des droits de l’Homme, Human Rights Watch, avait dénoncé, en octobre dernier, un projet de loi comparable déposé au mois d’avril par le Congrès pour la République.

Di/TAP