En 2009, 50% des bacheliers tunisiens ont réussi sans avoir la moyenne. En réalité, le nombre de bacheliers qui passaient à l’université sans avoir la moyenne et niveau requis augmentaient d’une année à l’autre. Beaucoup d’entre eux sont envoyés dans les universités de l’intérieur de la République où le taux d’encadrement est de seulement 2% contre 45% dans les grandes villes du pays! Leurs diplômes en main, ils veulent travailler, ils estiment qu’ils ont les qualifications requises, le marché de l’emploi ne les intègre pas parce que leurs profils ne correspondent pas à ses attentes.
Ces jeunes sont doublement victimes d’un système d’enseignement inadéquat qui leur a fait croire qu’ils étaient dotés de qualifications qu’ils ne possèdent pas réellement, d’une discrimination délibérée des pouvoirs publics qui se débarrassent d’eux pour ne pas avoir à gérer ses propres échecs et ses mauvais choix.
D’après une étude réalisée par le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, les difficultés d’insertion des diplômés ont commencé à se faire sentir épisodiquement depuis le milieu des années 1980. Mais, ces difficultés étaient dans des proportions considérées gérables et marginales. On arrivait à y remédier par des actions de placements volontaristes. C’est devenu plus difficile dans les années 90, et la succession d’ajustements de l’offre de formation, de cycles longs vers les cycles courts, des filières générales et en sciences humaines, vers les filières scientifiques et techniques, n’y a rien apporté, car il fallait oser faire des ajustements structurels, ce qui ne fut pas le cas malheureusement.
La commission qui devait, au départ, identifier les filières de formation qui devaient être développées et celles qui devaient être fermées, en tenant compte des besoins de l’économie a réalisé que le facteur employabilité n’était pas saisi, au moment de ses travaux, au cours de la deuxième moitié de 2010, dans sa véritable dimension quantitative malgré la disponibilité des données statistiques. Aujourd’hui, après le 14 janvier, la prise de conscience est plus évidente. Mais en juin 2010, par exemple, peu avaient conscience que le nombre de chômeurs de l’enseignement supérieur s’élevait déjà, selon les statistiques les plus récentes de l’INS, à près de 120.000. En se référant aux données de l’ATI, un peu plus de 50.000 diplômés des deux dernières promotions de l’enseignement supérieur sont déjà inscrits, à la même période, en tant que demandeurs d’emploi.
Près de la moitié des diplômés de 2009 sont encore, au mois de juillet 2010, en difficultés d’emploi. Le chômage touche toutes les filières, avec des différences entre les spécialités et les régions. Des filières similaires appartenant à des établissements différents sont touchées différemment selon les établissements.
Les employeurs potentiels ne sont pas satisfaits du niveau des compétences de base (communication, aptitude à l’insertion dans les équipes de travail, etc.) des diplômés. Les employeurs arrivent mal également à avoir une visibilité des compétences acquises par les diplômés et leurs qualifications à partir des intitulés des diplômes.
La gouvernance des établissements est caractérisée par le manque d’autonomie et la centralisation, les contrôles multiples de procédures, sans redevabilité en termes de résultats relativement à l’employabilité. Il s’en suit, entre autres, que les réformes sont engagées sans attention suffisantes à la mise en œuvre, ni aux priorités ou au dimensionnement approprié, à l’évaluation indépendante et sereine. Il en est ainsi de la mise en place du LMD, de la contractualisation, etc.
L’article intégral publié sur WMC
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