Tunisie : Révélations de Nicolas Beau, faut-il y croire ?

Des milliers de militants nahdaouis dans des camps d’entrainement à Khledia, Tataouin et Medenine, Tarek Ben Ammar dauphin de Béji Caied Essebsi, Ce sont les dernières révélations du journaliste français Nicolas Beau. Info ou intox ?

Nicolas Beau est un fin connaisseur de la Tunisie. En 1999, il publie son premier livre sur la Tunisie, «Notre ami Ben Ali, l’envers du miracle tunisien» (Ed. La Découverte). Dix ans plus tard, c’est à la l’ex-première dame qu’il s’intéresse avec «La régente de Carthage, main basse sur la Tunisie.» publié chez le même éditeur. Après la chute du régime Ben Ali, il est temps de passer au crible les relations franco-tunisiennes, et cela a donné : «Tunis et Paris : les liaisons dangereuses (Ed. Jean-Claude Gawsewitch). Une chose est sûre Nicolas Beau connaît bien le pays.

Cette fois, c’est avec un article brûlant posté sur sa page Facebook que le journaliste français fait parler de lui. Très critique à l’égard de Moncef Marzouki, Nicolas Beau parle d’«un homme isolée, coupé du gouvernement et de la constituante où les choses se passent» dont les «pouvoirs sont extrêmement limités » et le score obtenu par son parti le CPR lors des élections de l’assemblée nationale constituante «a été obtenu grâce à l’appui d’Ennahdha ». Invité sur les chez Express FM mercredi, il lance «Moncef Marzouki, il n’avait pas 15% des tunisiens qui se reconnaissent en lui.». Dans son article, il est allé plus loin : «Un Président qui ne sait faire régner l’harmonie dans ses arrières cuisines peut-il prétendre jouer un rôle dans la recomposition politique de la Tunisie ? Sans doute pas.». Moncef Marzouki, qui l’a reçu à Carthage tout récemment, en prend bien pour son grade. Et il n’est pas le seul, le mouvement Ennahdha, qui «ne le prend plus au sérieux » est accusé de « desserrer le processus démocratique». L’appareil sécuritaire, levier du pouvoir du temps de Ben Ali reste « une boîte noire». Les Tunisiens disposent de très peu d’informations sur «les luttes internes au sein du ministère de l’Intérieur.» Rien de nouveau jusque là, Nicolas Beau ne fait que reprendre l’impression générale.

Mais là où cela devient inquiétant, c’est quand il parle de l’existence de camps d’entraînement. «Au ministère de l’Intérieur tunisien, certains hauts cadres dénoncent la formation de 10000 à 12000 jeunes militants nahdaouis dans des camps d’entrainement à Khledia, Tataouin et Medenine.» Des propos préoccupants, qu’il ne manque pas de confirmer hier sur les ondes d’ Express FM : «Cela m’a été confirmé par deux sources policières concordantes». « Ce sont deux sources crédibles» avance-t-il, avant de nuancer «une information policière, faut la prendre par précaution.». Quand le journaliste lui demande s’il s’agissait bien de «nahdhaouis» comme il l’a si bien affirmé dans son papier, Nicolas Beau reprend l’argument des «sources policières» et fait douter de l’exactitude de l’information : «Dans toutes les police du monde, il y a toujours un risque d’instrumentalisation. La police peut mettre dans le même sac les militants Ennahdha et les salafistes».

Et pour finir en beauté, Nicolas Beau n’oublie pas de mentionner Béji Caied Essebsi et ses «douze mercenaires» (pour qualifier les personnalités autour de l’ancien Premier ministre, ndlr) en sous-entendant une piste Tarek Ben Ammar à Carthage. «Certains murmurent déjà à Tunis que Beji verrait bien comme dauphin le flamboyant producteur de cinéma et de télévision. Après tout, l’ex ministre de Bourguiba connaissait fort bien le père de Tarek Ben Ammar et frère de Wassila Bourguiba. Voici le clan des Tunisois à l’ouvrage. Et quel ouvrage !» écrit-il. « Et quel délire ! » commentent certains lecteurs…

Faut-il croire les révélations de Nicolas Beau ? Les gens restent sceptiques. L’annonce de l’attaque cérébrale de Ben Ali sur son blog l’année dernière, et qui s’est avérée être une intox, ne l’aide pas à avoir du crédit cette fois. En attendant une enquête sérieuse sur ces camps d’entraînement, le porte-parole du ministère de l’Intérieur Khaled Trarouche ainsi que M.Abdelhamid Jlassi vice président du parti Ennahdha, ont nié leur existence. Sans surprise…

Source : Tekiano