Encore un ratage. On s’attendait à un vrai sursaut de changement et de rénovation avec une nouvelle équipe gouvernementale a priori débarrassée des contraintes partisanes et routinières ancestrales. La réforme administrative proposée par le ministre en charge de ce dossier est une preuve de l’immobilisme et du salafisme administratifs. C’est la mentalité estropiée qui est toujours la référence. Loin d’être une réforme, cette proposition complique et mène tout droit à sa faillite et à celle de l’administration.
1)- Le débat et les décisions sur la semaine ouvrable et le(s) jour(s)de congé hebdomadaire en Tunisie doivent être débarrassés de toute connotation idéologique et religieuse. On doit prendre en considération les facteurs suivants : la compression des charges de fonction de l’administration, la productivité et le rendement, les vrais intérêts sociaux, économiques et stratégiques, la dimension socioculturelle.
2)- Le principe des deux jours de congé hebdomadaires n’est pas nouveau dans l’histoire des musulmans. Depuis de longs siècles, l’administration et l’enseignement observaient ce rythme (mardi et vendredi, mercredi et le vendredi, jeudi et vendredi). Les Saoudiens observent le dernier. Ce qu’on appelle «week-end universel» est appliqué uniquement au Maroc, en Tunisie et au Liban parmi les pays arabo-musulmans. Les expériences dans le monde sont multiples. On se rappelle «les 35 h», idée lancée et appliquée par le P S français. L’Etat de l’Utah des USA, lui, applique depuis quelques mois la semaine de 4 jours. Que propose notre ministère de la Réforme administrative ? Deux formules.
A)- «La première : du lundi au vendredi, de 8h30 du matin à 17h 15 avec une pause de 45 minutes pour toutes les journées de la semaine, sauf le vendredi où la pause sera de 1h30 minutes. L’horaire d’été maintiendra la semaine de 5 jours et un horaire de travail qui commencera à 8h30 du matin pour finir à 15h, sauf pour le vendredi où le travail finira à 13h30» ! On se demande si le « stratège » qui a accouché d’une telle horrible incongruité n’était pas dans ses vaps.
1) —Cet horaire accentue les charges de fonctionnement de l’administration au lieu de les compresser et de les diminuer. 2)- A quoi servent 45 mn à midi, par ex, pour un fonctionnaire ? Avaler un sandwich «maison» dans l’administration ? Quitter le bureau pour ne trouver nulle place où et quoi manger ? Obliger les fonctionnaires à revenir en retard ? 3)- Pourquoi cet «intelligent» n’annonce-t-il pas carrément sa décision d’interdire aux pratiquants la prière du vendredi ? A quoi peuvent servir ces 90 mn, sauf si le ministre va ouvrir une salle de prière et recruter un imam dans chaque administration ? 4)- Cet horaire ne convient qu’aux administrations centrales et régionales dont les directeurs et les fonctionnaires sont au-dessus des lois et qui utilisent les voitures officielles pour leurs besoins personnels. 5)- Le «réformateur» a oublié la circulation, l’énergie gaspillée et les comestibles administratifs perdus pour rien. 6)- Que l’administration ferme à 17h 15 ou à 17h 45, rien ne sera réglé, au contraire.
B)- «La seconde option : semaine des 5 jours avec un horaire d’hiver de 8h30 à 17h30 avec une pause de 1 heure et de 1h30 minutes le vendredi. L’horaire d’été commencera en juillet avec un travail de 8h du matin à 15h sans interruption, sauf pour le vendredi où le travail se terminerait à 13h30». Même mouture avec plus d’ambiguïté, d’incohérence et de rigidité.
Il est clair, que le ministère est parti sur de faux départs. Ses directeurs, dans leurs fauteuils, ont accouché de propositions les unes plus inadaptées que les autres. Le ministre en a choisi les «meilleures» selon lui ou sur conseils. Coche raté. Ce n’est pas le nombre de jours de travail qui compte le plus. Le ministère devrait constater sur le terrain : combien de Tunisiens vont-ils à une administration publique après 16h pendant les dix mois de l’année (sept-juin) ? Combien coûte une administration qui ne rend aucun service et qui fonctionne à vide de 16h à 17h 45 ?
N’oublions pas que le dimanche et le samedi sont chômés pour des causes religieuses uniquement. Il est aberrant d’obliger les fonctionnaires Tunisiens pratiquants le vendredi soir après midi. Les problèmes et complications qui en découleraient seraient énormes. D’autre part, une étude à fonds sur le terrain réalisée par un groupe de spécialistes, non par des fonctionnaires blasés, devrait être réalisée avant toute réforme. Le gaspillage énergétique de l’administration, les pertes en comestibles, les temps morts, les retards, les problèmes de la circulation, l’horaire de l’enseignement et d’autres facteurs doivent être présent dans la réforme administrative.
Réaction de notre lecteur Amad Salam, à l’article: Horaires administratifs : Donnez votre avis via internet