Cohabitation à la tunisienne

Le CPR, comme Ettakatol, justifient leur participation au gouvernement par «l’intérêt national».«Ennahda ne peut pas gouverner seul. Il y aurait un risque de creuser un fossé dans la société, entre partisans et opposants des islamistes», justifie Abdelwahab Maatar, du bureau politique du CPR. Selon cet avocat, la nomination de Marzouki à la présidence «envoie un message rassurant à l’extérieur mais aussi à l’intérieur du pays, où elle est signe d’une véritable rupture avec le passé». Ancien président de la Ligue tunisienne des droits de l’homme, exilé dix ans en France, Moncef Marzouki a refusé pendant la campagne de diaboliser les islamistes, de même qu’Ettakatol. «C’est quelqu’un qui ne lâchera jamais sur les libertés», affirmait fin octobre Selma Jabbès, directrice de la célèbre librairie Al-Kitab. «Notre participation rassure une grande partie des Tunisiens, certifie de son côté Mohamed Bennour, le porte-parole d’Ettakatol. Nous allons utiliser ce poids pour nous imposer et dire notre mot sur chacune des décisions gouvernementales. On a toutes les techniques nécessaires : la présence dans les rouages du pouvoir, l’observation, la dénonciation, etc.» Lire la suite

Tunisie: séance inaugurale de l’Assemblée constituante

Dans l’après-midi, l’assemblée est passée à l’élection de son nouveau président: outre le chef d’Ettakatol, Mustapha Ben Jaâfar, coopté par la “troïka” majoritaire, la présidente du Parti démocrate progressiste (PDP), Maya Jribi, était candidate. Le Dr Ben Jaâfar a ensuite remporté 145 voix contre 67 à la cheffe du PDP, qui l’a chaleureusement félicité après proclamation des résultats. Lire la suite

La Tunisie est entrée dans la transition

«Un moment historique, confiait Zohra Smida, députée de Gafsa et militante du parti islamiste Ennahda. Après toutes ces années de cauchemar, j’ai l’impression de rêver.» À l’instar des autres élus, Walid Bennam, originaire de Kasserine, se disait très ému. «Je suis fier de cette Tunisie qui a étonné le monde. Et n’ayez pas peur des islamistes. Vous verrez que nous apporterons une valeur ajoutée à cette société plurielle.»Lire la suite

La Tunisie à l’épreuve des jeux de pouvoir

Or Ennahda n’a pas voulu lâcher ces deux secteurs clé. Par volonté de mieux les contrôler? C’est encore plus subtil. «D’intenses pressions ont été menées par l’appareil sécuritaire de l’Etat auprès d’Ennahda pour que le clan de Marzouki, chantre du grand nettoyage, n’obtienne pas ces deux ministères», explique depuis Tunis Zohra Abid, rédactrice en chef de Kapitalis, un site qui informe sans langue de bois au prix de régulières menaces. «Ennahda, par peur d’une contre-révolution, spectre qui effraie encore tous les Tunisiens, a préféré ne pas prendre de risque. Il a négocié ferme pour conserver les ministères exposés, soit l’Intérieur, la Justice, mais aussi les Affaires étrangères, truffées de sales combines. Plutôt que de régler d’emblée les comptes du passé, la stratégie d’Ennahda est clairement de laisser le temps faire son travail.»Lire la suite

La Tunisie à petits pas historiques

L’émergence prévisible des islamistes d’Ennahdha pose naturellement question. Quelle tendance s’imposera finalement dans ce parti durement réprimé par le régime de Ben Ali ? Des radicaux, chantres de la charia ? Des hommes raisonnables, attachés à la religion dans une démocratie moderne ? La question n’est pas près d’être réglée. Le pays, avec toutes ses composantes, son histoire, son haut niveau d’éducation aussi (initié par Bourguiba), va se découvrir, apprendre à se connaître.Lire la suite