Tunisie – Pèlerinage de la Ghriba : Des rites et des traditions qui résistent au temps

Le pèlerinage de la synagogue de la Ghriba, sur l’île de Djerba, a démarré, vendredi et les visiteurs ont afflué vers la synagogue, pour accomplir des rites plus proche des traditions que de la prière et de la religion.

Pour ce pèlerinage, les Juifs tunisiens et étrangers font l’acquisition de cierges, des encens et d’un oeuf dur sur lequel ils écrivent leur nom et leurs voeux, pour le mettre, par la suite, dans une cavité au coeur de la pièce intérieure de la synagogue.

Un commerçant dans l’espace du temple juif, Moorabi Yourhame Azria, originaire de l’île de Djerba, a indiqué que les visiteurs font l’acquisition de ces produits, avec la conviction que leurs voeux seront exaucés, ajoutant que le prix d’un oeuf dur est d’un dinar tunisien, au bonheur des femmes qui veulent avoir des enfants, des personnes qui espèrent guérir d’une maladie ou de jeunes filles qui espèrent se marier. Les rites ne se limitent pas aux deux jours du pèlerinage, surtout que des Juifs sont, en permanence, sur les lieux, lisant la Torah du matin au soir, tout au long de l’année.

Daoud Henni, souligne, à cet égard, que “les rites ne s’arrêtent pas et les gens viennent prier chaque samedi à la synagogue”. Il a indiqué que les fêtes religieuses sont au nombre de cinq, avec les pâques juives (Pessah), en avril, suivi après un mois vingt jours environ par la Simhat Torah, alors que le mois de septembre compte trois autres fêtes, celles du jour de l’an (Roch-ha-Chanah), de l’expiation et du pardon (Youm Kippour) et la Sokkah.

A propos de la symbolique des cierges, de l’entrée à la synagogue sans chaussures, le port de la kippah pour les hommes et du foulard pour les femmes, Daoud Henni explique que ces rites entrent dans le cadre du respect de la sacralité de la pièce intérieure en tant que lieu de prière. Juste en face de la synagogue, une bâtisse construite sur le modèle des écoles hafsides accueille des visiteurs qui célèbrent les rites et les traditions auxquels les jeunes juifs sont attachés en tant que symbole de leur identité religieuse.

Une galerie souterraine de cette bâtisse aboutit à un vaste hall abritant une exposition de produits d’artisanat, de mets et de pâtisserie juives, alors que le hall supérieur contient des pièces identiques à celles des écoles hafsides qui accueillent des visiteurs curieux de connaître les vestiges de la religion juive. Un des exposants dans cet espace, Victor Haddad, souligne que ce lieu abrite des modèles de l’héritage juif tunisien et tout ce qui symbolise l’identité juive, entre bijoux, vêtements, pièces de poterie et quelques mets.

Un passage au coeur du patio de la bâtisse mène vers une autre cour intérieure qui abrite le commerce de Maarabi pour les nécessaires des rites, ainsi que trois restaurants, un café et un bar. Dans la cuisine de l’un des restaurants, une vieille juive de 71 ans, Rabika Touine, qui ne porte pas les séquelles de la vieillesse, se démène à travers les fourneaux, pour préparer les mets qui font plaisir aux visiteurs, chaque année. Rabika prépare le couscous qui diffère du celui que tout le monde connaît et qui est cuit à la vapeur et sans sauce, ainsi que la Fassoulia (Des oignons avec des haricots), la Bkaila, connue en Tunisie sous le nom de “Madfouna” et le poulet rôti avec des frites.

Le deuxième restaurant prépare les grillades de viande de chèvre, de veau et de poulet, ainsi que les fritures dont la pomme de terre est la composante essentielle, la Kefta avec du poulet, les bricks, une vraie spécialité, préparés avec des oeufs et de l’harissa (purée de piment), un peu de pomme de terre et quelques autres ingrédients dont les juifs de Djerba ont le secret. Des visiteurs rencontrés par l’envoyé spécial de la TAP à Djerba ont souligné : “Nous sommes tunisiens comme vous, nous ne différons que par la religion et nous sommes vos frères, c’est pourquoi nous voulons que les choses redeviennent comme avant”.