Tunisie, Gouvernement Jomaâ : “Des “Bac” -14 qui ridiculisent des “Bac”+14”

«Le gouvernement de Mehdi Jomaâ a obtenu au final 149 voix Pour, soit plus que celui d’Ali Laaryedh (139) et plus que celui de Hamadi Jebali (142). Malgré l’indécence de certaines attaques faites de mensonges, de calomnies et de bassesses, le gouvernement est passé. Ceux qui ont approuvé sont Ennahdha, Ettakatol, CPR, Afek Tounes, Nida Tounes, Al Moubadara et l’Alliance démocratique. Ceux qui ont voté Contre sont Wafa, Al Jabha, Tayar Al Mahabba et la famille Abbou. Ceux qui se sont abstenus sont al Jomhoury (ceux qui rament à contre-courant) et Al Massar, rationnels d’habitude, mais hier le naufrage de la bêtise les a rattrapés». C’est le commentaire de Hatem Mestiri, haut cadre dans une compagnie de téléphonie et internaute avisé et politisé, sur son compte Facebook.

Comme il a su bien résumer la situation! Faire de la politique ne veut pas dire être dans l’opposition systématique ou encore s’attendre à ce que les autres se soumettent toujours à vos exigences. Il y a ce qui s’appelle la politique par étapes, mais à la Constituante, on profite très mal de l’héritage bourguibien et on est loin de sa subtilité, sa perspicacité et son intelligence politique.

C’est simple, à la Constituante, l’opposition est une raison d’être: “Je m’oppose donc je vis“, c’est l’image que l’on renvoie à ceux qui assistent, des fois, admiratifs et dans la plupart des cas choqués par la brutalité et la violence de certaines interventions des constituants.

«Des “Bac”-14 qui ridiculisent des “Bac” +14», une phrase qui est revenue très souvent sur les réseaux sociaux dans la nuit du 28 au 29 janvier alors que le peuple attendait dans l’anxiété le dénouement du feuilleton pour le vote de confiance au gouvernement Jomaâ.

Ibrahim Gassas était pathétique. S’adressant au chef du gouvernement avec: «Ahni La3araf Mta3ik» (Je suis votre patron), il illustre parfaitement l’arrogance de l’ignorance et l’absence des règles minimales de courtoisie et de bienséance. Il reflète également la dégradation du niveau de discussion dans une Constituante dont nombre de représentants ont été sélectionnés sur le tas et ne peuvent en aucun inspirer les générations futures ni ne représentent une grande partie du peuple tunisien, plus respectueuse des usages et des autres.
Gassas n’est qu’un exemple parmi d’autres, le pire est que Mustafa Ben Jaafar ou Mehrzia Labibi n’arrivent pas ou ne veulent pas contrôler les excès de langage de certains députés qui poussent l’insolence jusqu’à offenser leurs interlocuteurs salissant par leurs comportements indignes la noble salle de l’Assemblée nationale.

Les Gassas et les autres sont aveugles à tel point qu’ils pensent qu’ils sont appréciés pour leurs attitudes outrageantes. En réalité, ils représentent le pire du peuple et si ce n’est l’aveuglement qui a succédé au soulèvement du 14 janvier et la démission des élites du pays, ils n’auraient jamais pu occuper des sièges à l’assemblée. Car au de là du savoir, et en la matière les CV des nouveaux venus ont dû paraître trop volumineux et trop lourds à supporter en comparaison avec la légèreté de ceux des prétendus représentants du peuple, il est des valeurs auxquelles les Tunisiens tiennent malgré tout: le respect et la politesse.

La Constituante n’est pas le Souk de Moncef Bey et tous ces Tunisiens dont Amel Karboul, Touafik Jelassi, Kamel Bennaceur et Lassad Lachaâl qui ont accepté de sacrifier des salaires à des dizaines de milliers de € et de $, n’ont pas à supporter les offenses des uns et des autres.

Et puis non Monsieur Gassas si tant est, le terme, monsieur vous sied, ils ne travaillent pas chez vous ou sous vos ordres, ils servent leurs pays et représentent l’État. Un État que votre bêtise et votre ignorance a réduit en miettes.

Reste que les partis traditionnellement démocratiques, composés des élites politiques devraient eux aussi mettre de l’eau dans leur vin et concevoir le militantisme comme une œuvre de construction avec des alternatives possibles que comme une posture de refus systématique. La politique est aussi l’art du possible et du compromis. Le Tout ou le rien n’existe que dans les esprits bornés et suffisants ou intéressés au point de faire le choix de la terre brûlée.

Ennahdha, édifiée par la leçon égyptienne, a su manœuvrer pour offrir aux Tunisiens l’image de ceux qui veulent construire; il s’agit de communication politique et non de grands slogans et de discours tonitruants mais dont la résonance ne dépasse pas les murs de l’Assemblée ou ceux des plateaux télévisés.

Le travail qui doit se faire aujourd’hui est un travail de fond qui doit commencer par reconquérir la confiance des électeurs potentiels et surtout leur donner de l’espoir et du rêve.
Êtes-vous capables de le faire, Messieurs dames les opposants?

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