Tunisie-Médias : Mouvement de protestation des journalistes de la radio nationale

Des journalistes de la radio nationale tunisienne ont observé, jeudi matin, devant le siège de l’établissement, un mouvement de protestation pour dénoncer les pratiques qu’ils ont qualifiées d'”abusives et autoritaires” des directions générales des radios publiques.

Le mouvement a été marqué par la présence de plusieurs constituants, des représentants de la Fédération internationale des journalistes (FIJ), de la Ligue tunisienne de défense des droits de l’Homme (LTDH) et des membres de l’Instance nationale pour la réforme de l’information et de la communication (INRIC) qui s’était auto-dissoute le 4 juillet dernier, a constaté un journaliste de l’agence TAP.

Prenant part à ce mouvement, Boutheina Gouiaa, journaliste à la radio nationale, dont l’émission “Bayna Al-Ichâa wal Khabar” (Entre rumeur et information) a été suspendue depuis le 21 août dernier, a déclaré à la TAP que le principal slogan du mouvement est «Pour une radio tunisienne indépendante» et de service public qui soit “celle de tous les tunisiens acteurs de la révolution de la dignité et de la liberté et non servant un agenda politique du parti au pouvoir ».

“Aujourd’hui, des pratiques politiciennes sont en train d’altérer le climat de travail au sein de l’établissement, de mettre à l’écart des figures voire « icônes » de la radio tunisienne et de s’immiscer même dans la programmation”, a-t-elle justifié.

De son côté, le secrétaire général du parti des patriotes démocrates unifié Chokri Belaïd a condamné l'”atteinte” à la liberté de presse. Pour lui, le gouvernement de la Troïka « use de son pouvoir pour exercer une mainmise sur les médias publics à travers des nominations de responsables qui pratiquaient la propagande sous l’ancien régime ».

« L’édification d’une Tunisie démocratique et pluraliste demeure tributaire, en particulier, de médias libres et indépendants, assurant pleinement leur rôle dans la réalisation des objectifs de la révolution », a-t-il estimé. L’Agence TAP a essayé de contacter le directeur de la radio nationale qui demeure injoignable. Une déclaration commune du personnel de la radio, publiée en début d’après-midi, fait état de la “dégradation de la situation professionnelle et sociale” dans l’établissement depuis la nomination de l’actuel directeur.

Elle dénonce notamment des pratiques de marginalisation, de pressions, de règlements de comptes et de mutations abusives ainsi qu’une mainmise sur l’établissement et l’ingérence dans la ligne éditoriale des journalistes et animateurs “remplacés par des collaborateurs externes pour servir un agenda politique précis”. Les journalistes de la radio nationale revendiquent, dans la déclaration, la séparation entre l’administration et la rédaction et l’application des décrets-lois 115 et 116. Ils exigent, également, l’annulation des décisions abusives et des concours “douteux” et indiquent qu’un autre rassemblement de protestation est prévu demain vendredi à 10h.

WMC/TAP