En l’absence de la loi, les escadrons de la peur font la loi!

L’idéologie de la peur a rempli le vide des idéologies et il est étonnant de voir à quel point se sont multipliées les expressions de la peur dans la Tunisie après les premières élections libres de son histoire. Nous aurions pourtant dû nous sentir en sécurité comme jamais depuis notre indépendance.

Ce ne sont plus comme auparavant les pratiques de la police politique de Zine El Abidine Ben Ali, les écoutes téléphoniques, qui, du reste continuent, ou la censure politique et les intimidations policières. Aujourd’hui, ce sont de nouvelles formes de dictatures que nous voyons autour de nous, celle de la morale et de la religion grâce? A cause des escadrons de la peur…

Les nouvelles formes de censure, sont ces tentes qui sont implantées à la Goulette Casino, au Kram et au Bardo avec des extrémistes qui se pavanent avec des drapeaux noirs et vert et en l’absence du drapeau tunisien et portant atteinte à la souveraineté nationale. Ce sont ces déclarations incendiaires qui veulent faire passer la majorité du peuple tunisien pour non croyant et amoral et qui appellent au Jihad comme s’il s’agissait de conquérir la Mecque de nouveau.

C’est le fait que le parlement qui exprime toute la dimension civile et plurielle de la Tunisie devienne une salle de prière avec pour Imam Sadek Chourou alors que juste en face, il y a une mosquée où on peut faire la prière.

Les nouvelles formes d’intimidation idéologiques sont la formation de groupuscules qui distribuent dans les cités populaires la constitution du 6ème Khalifat en l’absence des forces de l’ordre.

La dictature de la peur, c’est qu’on traite quiconque ose émettre une critique ou exprimer une position, y compris dans les médias, de déchu, de dévoyé et de non musulman.

La dictature de la peur, c’est quand Souad Abderrhim, symbole de l’honneur « gens biens nés », et de la morale musulmane, commence à faire des déclarations incendiaires à propos de la condition de la femme et de son projet d’éliminer la composante Femme du ministère qu’on lui a promis, sans qu’on ose lui répondre.
La peur, c’est quand chez vous on vous conseille de ne pas vous exprimer publiquement de peur qu’on vous attaque avec de l’acide sulfurique…

La peur, c’est cette instance tunisienne pour la promotion de la vertu et la prévention du vice née de la volonté maladive de personnes mal dans leurs peaux pour protéger la vertu faute de créer des emplois en toute impunité et en l’absence de toute position officielle du nouveau pouvoir.

La nouvelle peur, c’est celle que les jeunes artistes, hommes et femmes de la culture ressentent car toute expression artistique est devenue en elle-même un signe d’apostasie.

La nouvelle, la grande, l’immense peur c’est de voir tous ces opportunistes issus des milieux médiatiques, des affaires et de l’administration sacrifier la Tunisie et ses idéaux et se faisant déjà les serviteurs des nouveaux maîtres du jeu !

La peur, c’est quand vous interrogez un représentant des forces de l’ordre et il vous répond, nous ne savons pas quoi faire parce que nous ne recevons d’instructions de personne…

Avons-nous encore un Etat ?

A.B.A

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