SNJT : 167 agressions ciblant des journalistes enregistrées entre février 2024 et février 2025

Le président du Syndicat National des Journalistes Tunisiens (SNJT) Zied Dabbar a annoncé que 167 agressions ciblant journalistes, correspondants et photographes ont été enregistrées entre février 2024 à février 2025.

Lors d’une conférence de presse tenue, samedi, à l’occasion de la journée mondiale de la liberté de presse célébrée le 3 mai de chaque année, Zied Dabbar a précisé lors de la présentation du rapport annuel sur l’état des libertés de la presse en Tunisie, que les agressions contre les journalistes ont baissé par rapport aux années précédentes; 211 agressions en 2024, 252 agressions en 2023, 204 agressions en 2022 et 200 agressions en 2021.

Néanmoins, des journalistes comme Chadha Hadj Mbarek, Sonia Dahmani, Borhen Bsaies et Mourad Zeghidi sont aujourd’hui incarcérés pour leurs opinions.

Selon le rapport annuel du SNJT, les tribunaux tunisiens ont prononcé 10 peines de prison au cours de la période indiquée, dont 6 ont été exécutées, une a été reportée et trois autres sont en cours d’appel.

Le rapport a aussi évoque un contexte de « politique de fermeture » envers les médias, empêchant les journalistes d’exercer leur métier, en leur exigeant des autorisations ou en limitant leur accès à l’information

Cette période a été caractérisée par une incitation continue contre les journalistes, en particulier dans le cyberespace, ce qui a créé une atmosphère d’insécurité et contribué à la diffusion de fausses nouvelles à l’adoption de la version officielle uniquement.

Selon la même source, l’absence de la Haute Autorité Indépendante de la Communication Audiovisuelle a eu un impact sur la baisse de la qualité du contenu médiatique et l’augmentation du nombre de poursuites judiciaires en l’absence d’un rôle de régulation.

Dans son rapport, le SNJT a par ailleurs mis en garde contre le maintien de l’application du décret loi n° 2022-54 relatif à la lutte contre les infractions se rapportant aux systèmes d’information et de communication et qui cible la liberté d’expression rappelant qu’une proposition d’amendement du texte en question présentée par des parlementaires est restée sans suite.

Le syndicat dénonce la marginalisation de la profession de journaliste, estimant que la protection des droits économiques et sociaux des journalistes est le meilleur garant d’une presse indépendante, crédible, pluraliste et de qualité.

Il appelle la présidence de la République à œuvrer à la consolidation des libertés d’expression et de la presse qui sont garanties par la Constitution, à travers de nouvelles initiatives législatives et à l’égalité d’accès à l’information et de participer à toutes les manifestations nationales et internationales pour tous les médias.

Le SNJT, insiste sur la nécessité de permettre à tous les journalistes, sans distinction, d’accéder au parlement et de couvrir les débats sur les projets de loi, proposant l’adoption d’une démarche participative dans la discussion des lois en lien avec la liberté de la presse et d’expression.

Le Syndicat a exhorté la présidence du gouvernement à mettre u point r un mécanisme national permanent et indépendant pour surveiller les attaques contre la liberté de la presse et d’expression, à modifier sa politique de communication en vue d’une ouverture à tous les médias sur un pied d’égalité et à établir un mécanisme de communication décentralisé qui garantisse le pluralisme et la diversité des médias. Il a également demandé la suspension des circulaires et notes internes qui entravent, illégalement, la libre circulation de l’information.

S’adressant aux autorités judiciaires, le syndicat a, notamment, appelé, à arrêter de juger les journalistes sur la base du décret-loi 54 et des lois prévoyant des peines privatives de liberté et se limiter au le décret-loi 115 relatif à la liberté de la presse, de l’imprimerie et de l’édition.