Les pièges des coachs en développement personnel : Mythes et réalités

Des experts en psychologie et en sociologie ont averti aujourd’hui, samedi, contre les idées fausses promues par ceux qui se font appeler des coachs en développement personnel, en ce qui concerne la réalisation du bonheur pour l’homme.

Lors d’un séminaire scientifique organisé par l’Association tunisienne de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent sur “le bien-être psychologique”, les experts ont souligné que de nombreuses idées promues par ces personnes, à travers les médias sociaux et largement diffusées par leurs adeptes, sont totalement à côté de ce qui pourrait aider à “fabriquer” le bonheur pour l’homme.

Les médias sociaux sont témoins d’une vague d’orientations et de conseils qui tendent à devenir des croyances profondes prétendant établir le développement humain pour aider l’individu à se réaliser et à mieux se positionner dans sa famille, sa carrière et son environnement professionnel, considérant que leur adoption pourrait réaliser la vie heureuse tant désirée pour chaque individu.

Parmi ces “fausses croyances courantes et erreurs” selon la spécialiste en sociologie et anthropologie Mariem Salami, “l’homme est appelé à activer la version positive de lui-même qui met en avant son succès, sa supériorité et son élévation, et à travailler à la valoriser en échange de la négation de ses autres versions qui exposent ses faiblesses et révèlent son échec, son incapacité, son désarroi et sa tristesse”.

La spécialiste a souligné que “toutes les versions de l’homme sont nécessaires et essentielles pour créer son bonheur interne et découvrir la voie la plus appropriée et la meilleure dans la vie”, affirmant que “plus l’homme traverse des expériences négatives, plus ses chances d’accéder au bonheur et d’en savourer le goût sont multipliées”.

Elle a ajouté que l’ “injonction” promue par le développement personnel, appelant à “éviter les personnes négatives autour de nous pour ne pas être infecté par leur tristesse et leur désespoir”, est non seulement fausse mais aussi très dangereuse, car elle appelle implicitement à la rupture, à la séparation et à l’éloignement de l’autre, rejetant ainsi le principe de solidarité, de collaboration et de coopération, expliquant que se tenir aux côtés de “l’homme brisé” est un moyen d’atteindre le bonheur tant désiré chez “l’homme sauvé” et de renforcer sa valeur et son rôle dans la vie.

Pour sa part, le philosophe et penseur Youssef Sadiq a considéré que “l’homme tend souvent à maximiser la grâce de la mémoire et du rappel en la considérant comme un moyen important d’apprendre de diverses sciences et d’atteindre les plus hauts niveaux professionnels et sociaux, croyant que cela réalise son bonheur, alors que l’oubli est plus important que la mémoire et est un moyen efficace sur lequel nous pouvons compter pour réaliser notre bonheur sans nous décevoir”.

De son côté, la psychiatre spécialisée dans les maladies mentales, Rajaa Labben, a indiqué qu’en 2020, au Royaume-Uni, une nouvelle méthode efficace de traitement psychologique a été découverte, qui consiste à visiter les musées et les antiquités “musétherapie” en méditant sur ce qu’ils contiennent en termes de tableaux et d’œuvres d’art, soulignant que cette méthode s’est largement répandue au Royaume-Uni, en Amérique et maintenant en France, exprimant son espoir qu’elle soit adoptée en Tunisie.

Elle a souligné que de nombreuses expériences ont montré que lorsque l’homme qui souffre de difficultés psychologiques médite sur des tableaux et des œuvres d’art, ses cellules cérébrales réagissent à ce qu’il voit, ce qui l’aide à se détendre et à se livrer à une réflexion profonde, ce qui lui permet de se débarrasser de la dispersion mentale dans laquelle il vit et de mieux se comprendre.