Jendouba-Elections : Précarité socioéconomique aigue faisant contraste avec un grand potentiel naturel

Le gouvernorat de Jendouba, créé le 20 juin 1956, surplombe une partie de la mer méditerranéenne, est relié à une frontière internationale distante de 136 km avec 3 postes frontaliers. C’est un gouvernorat qui présente des indicateurs de développement faibles et un volume d’investissements ne répondant pas aux aspirations des habitants.

L’agriculture est la principale activité de la région, avec des éléments touristiques et environnementaux distingués (forêts, réserves, mer, monuments archéologiques, artisanat, etc), outre des côtes qui s’étendant le long de la bande maritime.

Le gouvernorat de Jendouba compte environ 405 mille habitants, soit 3,5% de la population de la Tunisie, concentrés pour la plupart dans la délégation de Jendouba.

La situation sociale

Concernant les indicateurs de pauvreté, le nombre de familles nécessiteuses bénéficiant de soins gratuits dans le gouvernorat de Jendouba est d’environ 22 675 familles, alors que 19 770 familles bénéficient de subventions et 49 mille personnes bénéficient de soins à tarifs réduits.

Infrastructure

L’infrastructure dans le gouvernorat de Jendouba se caractérise par sa précarité et son incapacité à s’adapter aux évolutions. Le réseau routier de la région est menacé par des glissements de terrain.

Jendouba se caractérise par un réseau routier de plus de 692 km dont 672 km bitumés, et 165 km de routes locales dont 146 km bitumées. La région comprend également des routes rurales d’une longueur de 2 346 km et d’itinéraires forestiers d’une longueur de 1 266 km, selon la direction régionale de l’équipement à Jendouba.

Dans le domaine de l’éducation, le nombre d’écoles primaires dans la région s’élève à 232 écoles, avec un taux de scolarisation d’environ 94% pour la tranche d’âge de 6 à 14 ans et un taux d’analphabétisme de 33%, pouvant atteindre environ 40% dans les zones rurales.

Le taux de réussite à l’examen du baccalauréat est de 51%, ce qui place la région à l’avant-dernier classement sur le plan national, d’après la direction régionale de l’éducation à Jendouba.

Un modèle de développement fébrile

Malgré le potentiel naturel exploitable dans le gouvernorat de Jendouba, la région est considérée parmi les plus faibles en termes d’indice de développement, de précarité du tissu économique et de fragilité de la situation sociale, avec des taux élevés de pauvreté et de chômage (19,7%) et d’analphabétisme.

Le modèle de développement y repose essentiellement sur le secteur agricole. La région produit annuellement environ 1 800 quintaux de céréales, plus de 30 000 tonnes de pommes de terre, environ 83 000 tonnes de tomates et 81 000 tonnes de divers légumes.

La production englobe également près de 10 000 tonnes d’olives, 165 000 tonnes de lait, 17 000 tonnes de viandes rouges, selon les statistiques du Commissariat régional au développement agricole à Jendouba.

Des ressources hydrauliques mal gérées

Le gouvernorat de Jendouba compte environ 180 000 hectares de terre arables, dont environ 40 000 hectares de périmètres irrigués, 6 barrages d’une capacité totale dépassant 352 millions de mètres 3, et des ressources en eau mobilisables de plus de 662 millions de mètres 3, 17 barrages de montagne d’une capacité dépassant 9 500 mille mètres 3 et 40 lacs de montagne d’une capacité de 2 600 mille mètres 3.

En contrepartie, la région connaît une mauvaise gestion du volume des ressources provenant des pluies, dont une partie importante se déverse à la mer dans les zones les plus pluvieuses de Tunisie (Tabarka et Ain Draham), où la pluviométrie moyenne est de 1 500 mm par an.

Un tourisme prometteur

La région est une destination touristique en plein essor grâce à ses ressources environnementales, des eaux thermiques, un hiver neigeux et des monuments archéologiques. Le nombre total d’arrivées au cours de l’année 2022 a atteint à 250 000 touristes, selon les statistiques du Commissariat régional du tourisme à Tabarka.

Des investissements limités

Le volume des investissements dans le gouvernorat de Jendouba, selon un rapport publié par l’Agence pour la promotion de l’industrie et de l’innovation (APII) à Jendouba en 2021, s’élève à environ 260 millions de dinars, tandis que le nombre d’institutions industrielles dans divers secteurs est de 372 institutions, un indicateur qui incarne la faiblesse du tissu industriel de la région par rapport à d’autres territoires, malgré un potentiel énorme.

Ainsi, la marche du développement dans la région se retrouve freinée par un certain nombre de projets inachevés, tels le projet de l’autoroute Bou Salem-frontière algérienne, la relance de la ligne ferroviaire Mater-Tabarka, outre la suspension des activités d’un certain nombre de projets, dont l’usine sidérurgique de la délégation de Ghardimaou, la briqueterie de Jendouba (confisquée), l’unité de céramique de Tabarka, etc.

Tant de carences se devant de constituer les priorités des candidats lors de toute échéance électorale, y compris les élections locales qui auront lieu le 24 décembre prochain.