La majorité des juges révoqués n’a pas de dossier disciplinaire, a déclaré Raoudha Karafi, présidente d’honneur de l’Association des magistrats tunisiens (AMT).
Elle s’exprimait, mercredi, à l’occasion de la décision de trois magistrats, démis de leurs fonctions en vertu du décret présidentiel n°516, d’entamer une grève de la faim pour dénoncer “l’ingérence de l’Exécutif” dans le travail de la justice. Ils réclament, aussi, l’annulation du décret présidentiel 516 portant révocation de 57 magistrats et le décret-loi 35 complétant le texte du décret-loi portant création du conseil supérieur provisoire de la magistrature.
Le décret présidentiel sur “la révocation collective” a été suivi “d’une campagne de dénigrement et d’atteinte à la vie privée” visant un certain nombre de magistrats, a-t-elle ajouté.
De son côté, le juge Ahmed Rahmouni, ancien président de l’Association des magistrats, a souligné que les trois juges qui entament, ce mercredi, une grève de la faim “défendent la dignité des magistrats et l’indépendance de la justice”. Les trois magistrats grévistes sont Ramzi Bahria, Mohamed Taher Kanzari et Hamadi Rahmani.
“La Tunisie subit une destruction méthodique de sa justice, tant au niveau des principes que celui des institutions”, a-t-il estimé.Les magistrats, en grève depuis le 6 juin 2022, observent jeudi 23 juin une “journée de colère”.
Samedi dernier, en marge de la réunion de la coordination des structures judiciaires, le président de l’AMT, Anas Hmaïdi a déclaré aux médias que “les magistrats restent ouverts aux négociations pour trouver une sortie de crise”. Il a souligné que “la suspension de la grève dépend du degré d’interaction du pouvoir exécutif avec leurs revendications”.
Selon la coordination des structures judiciaires, le taux de participation à la grève était de 99 pc au cours de la première semaine et de 95 pc au cours de la deuxième semaine de grève.
La coordination des structures judiciaires rassemble le président de l’AMT, Anas Hmaidi, le président du Syndicat des magistrats tunisiens, Aymen Chtiba, la présidente de l’Union des magistrats administratifs, Refka Mbraki, la présidente de l’Association des magistrates tunisiennes, Saïda Guerchi, le président de l’Union des magistrats de la cour des comptes, Wael Hanfi, et le président de l’Association des jeunes magistrats, Mourad Messaoudi.