Tunisie – Fête du travail : L’UGTT s’oppose à l’accumulation du pouvoir

Le secrétaire général de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), Noureddine Tabboubi, a indiqué que le syndicat rejette l’accumulation du pouvoir et le changement unilatéral des lois et les législations.

Dans un discours adressé aux travailleurs, dimanche, à l’occasion du 136e anniversaire de la fête internationale du travail, Tabboubi a souligné, via la chaîne YouTube de l’Union, que “l’enjeu est aujourd’hui grand et grave; et personne n’est autorisé à passer à côté de l’élan manifesté par les Tunisiens, le 25 juillet 2021, pour se retrouver dans une situation déplorable, telle que celle qui prévalait avant cette date”.

Et d’ajouter “il n’est pas non plus permis que l’état actuel d’ambiguïté et d’exclusivité des opinions persiste. Cela ne fera qu’aggraver les vrais problèmes du peuple, empirer la situation et accélérer l’effroyable effondrement de l’Etat, a-t-il dit.

Le président de la République, Kaïs Saïed, a décidé, le 25 juillet 2021, journée de la célébration de la fête de la République, de geler les activités de l’Assemblée des représentants du peuple et de démettre le chef du gouvernement, Hichem Mechichi de ses fonctions.
En septembre 2022, le président Saïed a, ensuite, pris une série de mesures et de décisions, dont les plus importantes sont la dissolution du Parlement et du Conseil supérieur de la magistrature et l’introduction de changements fondamentaux dans la composition et le travail de l’Instance Supérieure Indépendante pour les Elections.

Noureddine Tabboubi a souligné que l’Union générale tunisienne du travail est déterminée à transformer les décisions du 25 juillet en un nouveau “processus”, réaffirmant l’attachement de l’union à faire réussir ce processus.

Le président de la République qui s’est déclaré disposé à organiser un dialogue national, a rappelé Tabboubi, doit tenir sa promesse et lancer un Dialogue National dans les plus brefs délais, avant qu’il ne soit trop tard. Il a insisté sur l’importance de se mettre d’accord sur ses objectifs, son cadre, ses axes, son calendrier et les parties qui y participeront. Pour lui, ce dialogue est celui de la dernière chance.

Aujourd’hui, les Tunisiens n’ont d’autre choix que de poursuivre la voie du dialogue, indépendamment des différends et des divergences d’opinions afin d épargner à la Tunisie les crises, le chaos et de l’instabilité, a-t-il dit.

Pour le secrétaire général de la centrale syndicale, la Tunisie traverse une crise politique, économique, sociale et financière menaçant la stabilité de l’Etat et de ses institutions et un effondrement économique et financier sans précédent qui aura de graves répercussions sociales.

Tabboubi a réitéré son soutien aux décisions du 25 juillet 2021, espérant que cette voie serait une dernière chance pour la Tunisie et son peuple de sortir de la situation déplorable à laquelle ils font face.

Il a, par ailleurs, rappelé la contribution de l’Union et ses appels à l’instauration d’un dialogue et d’un débat autour es questions nationales, rappelant la proposition de la centrale syndicale d’organiser un dialogue national sous la tutelle du Président de la République.

Tabboubi a, également, appelé à mettre fin aux mesures exceptionnelles et à mettre en place, de manière participative, un système politique et une loi électorale compatibles avec les spécificités de la société tunisienne.

D’autre part, le secrétaire général de l’Union syndicale a dit regretter que la position du président de la République soit marquée par une certaine “hésitation” et “un manque de clarté”. Le président Saïed a choisi d’organiser une consultation électronique s’adressant aux jeunes en particulier, sauf que la consultation ne peut se substituer à un dialogue national proprement dit, a-t-il expliqué.

Il a souligné que pour que le dialogue ne soit pas une formalité, la centrale syndicale a insisté pour qu’il ne se déroule pas en fonction de résultats préalables déterminés en dehors du cadre du dialogue syndical, mais plutôt avec la participation active des forces sociales et civiles.

Tabboubi a aussi expliqué qu’il devrait s’agir d’un dialogue profond sans décisions préalables dans lequel seuls la Tunisie, son peuple et l’avenir de ses générations ont le dessus, pour être une véritable et dernière opportunité de rassembler les forces vives nationales autour d’un projet de développement national.