La 36e édition de la Foire du livre de Tunis rend hommage à l’œuvre de Chedli Klibi pour la culture

L’œuvre de Chedli Klibi (6 septembre 1925 – 13 mai 2020) en faveur de la culture et des arts en Tunisie demeure présente auprès de ses compagnons de route et autres contemporains.

La Foire internationale du livre de Tunis (FILT), qu’abrite du 11 au 21 novembre le parc des expositions du Kram à Tunis, rend hommage à Chedli Klibi, premier ministre de la Culture sous la présidence de Habib Bourguiba et dont le nom est désormais inscrit à l’entrée de la Cité de la culture. Ce joyau architectural et temple de la culture au coeur de la capitale, Tunis, a été baptisé, le 9 juillet 2020, “Cité de la Culture Chedli Klibi”.

Ce politicien et intellectuel issu d’une famille militante pour l’indépendance du pays est une figure éminente de la scène politique et culturelle de la Tunisie moderne. La 36e édition de la FILT coïncide avec la célébration du 60ème anniversaire de la création du ministère de la Culture Tunisien, dont il est le fondateur en 1961.

La création du ministère de la Culture dans les années 60 a constitué le premier noyau de la vie culturelle et créative en Tunisie. Les actions avant-gardistes de Chedli Klibi ont permis de développer et mettre en place les bases d’une politique culturelle nationale qui a pu profiter aux générations suivantes.

Une rencontre-hommage tenue, vendredi après-midi, au siège de la Foire du livre a réuni des personnalités du milieu culturel et politique ayant côtoyé feu Klibi dont Chedly Ben Younes, Brahim Chabbouh, Abderraouf al Basti, Ali Belarbi, Abdelwahed Brahem et Noureddine Dougui.

Les principales étapes de la vie de ce pionnier de la scène culturelle et politique de la Tunisie moderne ont été au coeur des témoignages.

Chedli Ben Youness a évoqué le souvenir d’un grand défenseur de la culture nationale qui a souvent épaulé le secteur et ses différentes branches. Il est revenu sur ses actions remarquables alors qu’il occupait le poste de Chef de Cabinet auprès du Président Habib Bourguiba.

Il a encore rappelé qu’il était à l’origine de la mise en place de cellules de création d’œuvres théâtrales en milieu scolaire qui ont été ensuite généralisées pour couvrir l’ensemble des institutions éducatives à travers la république.

Il a également jeté la lumière sur la particularité d’un visionnaire et un enthousiaste à l’esprit ouvert sur le monde et sur les initiatives prometteuses pour le paysage culturel dont les résultats se traduisent positivement dans la vie des individus et de la société en général.

L’historien Brahim Chabbouh a brossé le portrait d’un homme, un intellectuel et un politicien. Il évoque un homme d’Etat par excellence qui préconisait l’adoption d’une orientation culturelle, en Orient comme en Occident. Il avait entamé des actions pionnières en faveur de la mise en place d’une politique culturelle qui coïncide avec les spécificités tunisiennes et contribue à les enrichir via l’ouverture sur l’autre.

Retour sur les dates clés dans la vie de Chedli Klibi

Chedli Klibi (1925-2020), ancien du collège Sadiki, avait eu une éducation, à cheval entre Orient et Occident, ce qui lui a permis d’acquérir des connaissances dans les champs littéraires, religieux et scientifiques.

En 1944, il a eu son baccalauréat section Philosophie pour ensuite rejoindre la Capitale française. A Paris, il fait ses études supérieures à la Sorbonne où il a eu, en 1947, une licence en littérature arabe.

De retour en Tunisie, il a débuté sa carrière professionnelle en tant qu’enseignant du secondaire, puis dans les institutions d’enseignement supérieur dont l’Institut des études supérieures de Tunis. Il s’est consacré officiellement à sa vocation de professeur universitaire à partir de 1957.

Il avait occupé des postes clés à l’intérieur et à l’extérieur du pays dont la direction générale de l’institution de la Radio et la télévision tunisienne (ERTT) et le secrétariat général de la Ligue des Etats arabes entre 1979 et 1990.

Son action en milieu culturel, avait commencé avec sa nomination en 1958 à la tête de la Radio et la Télévision Tunisienne et plus tard à la tête du ministère de la Culture dont il était le bâtisseur en 1961. Au cours de son mandat à la tête de ce département, il avait œuvré, entre autres, à la création du Festival international de Carthage, ce rendez-vous artistique d’envergure dont le déroulement se perpétue depuis 1964.

Cette figure de proue et l’un des bâtisseurs de la Tunisie moderne, avait réussi à graver les échelons de la réussite ce qui lui a valu d’être désigné au poste de chef du cabinet présidentiel sous Bourguiba qui lui avait attribué encore une fois la valise culturelle en 1976. Deux ans plus tard, il a été nommé en 1978 à la tête du ministère de l’Information.

Son accession à la vie politique lui avait ouvert les portes pour accéder à l’un des postes clés de la diplomatie arabe en tant que Secrétaire général de la Ligue des Etats arabes dont le siège fût pour une période transféré du Caire à Tunis au lendemain de la signature en 1979 du célèbre traité de paix israélo-égyptien qui faisait suite aux accords de Camp David de 1978.

Il était ainsi le quatrième secrétaire général de cette entité arabe qu’il avait dirigé entre 1979 et 1990, date de sa démission avec le déclenchement de la guerre du Golfe pour exprimer son refus de l’invasion irakienne du Koweït.

Il avait contribué à la création de médias de la presse écrite nationale dont des quotidiens et des revues. Outre ses conférences littéraires, articles politiques et études publiées dans la presse locale et étrangère, Chedli Klibi est un auteur bilingue qui avait publié des livres, comme “Les arabes et la question palestinienne” et “Les question de la religion et de l’époque”. Dans son opus ” Orient-Occident : la paix violente” publié en 1999, il revient sur plusieurs questions dont son mandat à la tête de la Ligue arabe.

Après la révolution tunisienne, il a publié en 2012 une bibliographie intitulée “Habib Bourguiba: Radioscopie d’un règne” dans laquelle il parle de sa relation avec Bourguiba, les coulisses du Palais de Carthage et la vie politique à l’aube de l’indépendance qu’il avait côtoyé depuis sa jeunesse.