Le Décret présidentiel n°2021-117 relatif aux mesures exceptionnelles, paru hier, au JORT, signifie une ” réelle suspension de la Constitution de 2014 “, ” un coup d’Etat entier contre la légitimité ” et ” un pas sur la voie de la mise en place d’un régime oppressif “.
Dans un communiqué rendu public, jeudi soir, le groupe parlementaire d’Ennahdha (52 élus sur un total de 217), a dit rejeter un cumul de pouvoirs par le chef de l’Etat, en allusion aux pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire, dénonçant la suppression de certaines instances politiques et de contrôle.
Le bloc parlementaire a cité, à titre d’exemple, la suspension du parlement, la suppression de l’instance provisoire de contrôle de la constitutionnalité des lois et de l’Instance nationale de lutte contre la corruption.
” Le président Kais Saied a pris en main tous les pouvoirs “, s’est indigné le groupe parlementaire dans le même communiqué.
Plus tôt dans la journée, Mohamed Goumani, membre du bureau exécutif et président de la commission de gestion de la crise politique au Mouvement Ennahdha, a estimé que le Décret Présidentiel n° 2021-117 du 22 septembre 2021, relatif aux mesures exceptionnelles “constitue une réelle suspension de la Constitution de 2014”.
“Il s’agit d’une organisation temporaire des pouvoirs montrant une volonté manifeste de la part du chef de l’Etat de détenir le pouvoir absolu et de modifier le régime politique dans son intégralité de manière individuelle, sans aucune intention de faire participer les partis politiques, ni les organisations nationales ou encore les forces vives du pays”, a-t-il dit.
Dans une déclaration à TAP, Goumani a indiqué qu'”en prenant cette décision, le chef de l’Etat s’est placé dans une position de coup d’Etat flagrant contre le processus démocratique et les principes de la révolution”.
Ainsi, a-t-il poursuivi, s’ajoute aux problèmes complexes du pays la question de la légitimité du pouvoir à l’avenir, ce qui menace l’unité du pays et le propulse dans une situation à haut risque et inédite.
Goumani a, par ailleurs, déclaré que le bureau exécutif du mouvement Ennahdha, réuni après la publication, mercredi soir, du décret présidentiel relatif aux nouvelles mesures exceptionnelles “refuse cette démarche”, soulignant l’attachement du mouvement à la Constitution de 2014 qui “peut être amendée”.
Il a fait part de la disposition d’Ennahdha à contribuer à sa révision à travers le dialogue et les mécanismes constitutionnels disponibles.
“Ennahdha appelle toutes les forces vives à passer, temporairement, outre les conflits secondaires et axer les efforts sur la défense de l’unité du pays afin de le préserver des dangers du discours de la division utilisé par le président de la République et ceux qui prétendent être ses partisans”, a-t-il encore souligné.