Le bloc démocratique et les blocs parlementaires La Réforme et Tahya Tounes ainsi que nombre de députés indépendants ont annoncé, jeudi, la suspension de leur participation aux travaux des commissions parlementaires et aux activités du bureau de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) en raison de ce qu’ils qualifient de “dictature du président du parlement. Ce dernier ne traitant pas avec sérieux les actes de violence observés, récemment, dans l’enceinte du parlement”.
Lors d’une conférence de presse, jeudi, au siège de l’ARP, les représentants des groupes parlementaires ont menacé de boycotter les travaux des séances plénières si certaines décisions prises par le bureau du parlement ne sont pas annulées, telles que la décision d’annuler les deux séances de dialogue prévues le 12 juillet avec la ministre de la Justice pour débattre du rapport de l’inspection générale du département et le ministre de Santé “malgré la gravité de la situation sanitaire du pays”.
Les représentants des blocs ont, en outre, réclamé que la cellule de crise soit convoquée dans les plus brefs délais, soulignant que sa non convocation s’explique par “la volonté du président de l’ARP de faire appel à la majorité au sein du bureau et de permettre le passage de son agenda”.
Et de critiquer sa réaction à l’égard des incidents de violence survenus au parlement.
Les intervenants à cette conférence ont estimé que “Rached Ghannouchi adopte la politique de deux poids deux mesures avec les députés au sein du bureau de l’ARP, celui-ci étant clairement partial à l’égard des députés de son bloc et de ceux du bloc coalition al-Karama”.
“Aucune mesure répressive n’a été prise à l’encontre des députés ayant agressé la présidente du Parti destourien libre (PDL). Plus encore, il a poursuivi Moussi en justice pour entrave aux travaux de l’assemblée”, ont-ils déploré.
Pour Zouhaier Maghzaoui du bloc démocratique, le “parlement devrait identifier les moyens de venir en aide au peuple tunisien dans son malheur et présenter des solutions à cette crise sanitaire. Au lieu de cela, le parlement examine des lois qui n’ont aucun lien avec la conjoncture actuelle du pays”.
Il a affirmé que les blocs parlementaires réunis aujourd’hui ne se tairont pas face aux décisions prises par le bureau de l’ARP et œuvreront à faire pression pour que l’institution parlementaire remplisse son rôle de contrôle.
Et d’ajouter, “les blocs vont exiger, lors de la séance du lundi prochain, la modification de l’ordre du jour pour donner la priorité à l’examen de la situation sanitaire en Tunisie”.
De son côté, Mustapha Ben Ahmed, président du bloc Tahya Tounes a déclaré que “l’interdiction aux auteurs des agressions de prendre la parole en plénière à titre de sanction de leurs actes violents encouragerait, en quelque sorte, la violence au parlement”.
Pour Hssouna Nasfi, président du bloc La Réforme, ce qui s’est passé le 30 juin dernier, en allusion à l’agression de Abir Moussi par deux députés, est “une honte”, soulignant que le bloc démocratique et ceux de Tahya Tounes et La Réforme ont décidé de boycotter les réunions du bureau de l’ARP.
Pour sa part, Mongi Rahoui (hors groupe) a critiqué l’annulation de la séance prévue avec le ministre de la Justice et l’examen du rapport de l’inspection générale dont le contenu est “des plus dangereux étant donné qu’il est lié à la sécurité de l’Etat. Il s’agit du traitement de certains magistrats des dossiers de terrorisme, soit plus de 6 mille affaires”.