Des députés ont estimé, mardi, que la Cour constitutionnelle “ne représente pas une priorité pour le peuple tunisien au vu de la gravité de la situation épidémiologique et la vulnérabilité de la situation économique et sociale du pays”.
Lors de la séance plénière consacrée à l’examen de la réponse du président de la République au sujet du projet de loi amendant la loi sur la Cour constitutionnelle, ces députés ont considéré que “l’insistance sur la mise en place de la Cour constitutionnelle, en cette période et cette conjoncture, relève plus d’un règlement de compte politique”.
Pour Souhir Askri (hors groupe), le pays n’a pas besoin, aujourd’hui, d’une Cour constitutionnelle; celle-ci ne saurait lutter contre la pandémie de Covid-19, ni aider le pays à sortir la crise économique et politique “suffocante”.
Elle a estimé que les propos tenus aujourd’hui à l’hémicycle s’inscrivent dans le cadre de ce qu’elle a qualifié d ‘”hypocrisie politique”, considérant que “ceux qui accusent aujourd’hui le président de la République sont les mêmes qui l’ont élu hier”.
“Le conflit entre le chef de l’Etat et certaines parties au parlement ne concerne, en aucun cas, le peuple tunisien”, a-t-elle souligné.
De son côté, Leila Haddad (mouvement Echaab) a déclaré que la mise en place de la Cour constitutionnelle “n’est pas une priorité” à l’heure actuelle, estimant que la plénière de ce mardi a été, en réalité, programmée pour “porter atteinte” au président de la République et à sa dimension “symbolique”.
Il s’agit d’une question politique par excellence, selon elle, car “il aurait été plus judicieux d’adresser la correspondance du chef de l’Etat à la commission spécialisée pour établir un rapport et le présenter en plénière et non, simplement, de lire sa correspondance à la place du rapport”.
Pour sa part, Mounira Ayari (bloc démocratique) a relevé l’existence d’une “tentative visant à dévaloriser la présidence de la République”, estimant que cet “acharnement sur le chef de l’Etat vise, en réalité, à masquer l’échec des partis politiques et leurs crimes commis à l’encontre du pays, comme en témoigne la perte de confiance en la Tunisie par les bailleurs de fonds internationaux”.
Le président de la République est convaincu, a-t-elle dit, que la majorité parlementaire met en jeu l’avenir du pays et ses choix sont inadaptés.
“Kaïs Saïed doit protéger la Cour constitutionnelle de toute instrumentalisation”, a-t-elle expliqué.
Pour Mongi Rahoui (hors groupe), “certaines parties ont fait de la séance d’aujourd’hui le procès de Kaïs Saïed”, rappelant que le but était de mettre en place la Cour constitutionnelle est de préserver le système républicain.
De son côté, Haykel El Mekki (bloc démocratique) a estimé que le président de la République n’est pas responsable du dépassement des délais dans la mise en place de la Cour constitutionnelle. “La responsabilité revient aux dirigeants de la Tunisie post-révolution qui n’ont pas instauré la cour car leur intérêt ne l’exigeait pas”, a-t-il déploré.
Pour Abdelmajid Ammar (Ennahdha), la présidence de la République, le parlement et le Conseil supérieur de la magistrature devraient tous contribuer à aplanir les difficultés.
“Le chef de l’Etat ne va, vraisemblablement, pas parapher le projet de loi en question malgré qu’il soit appelé à le faire après la deuxième lecture du parlement”, a-t-il estimé.