Tunisie : Des organisations de la société civile condamnent la réponse sécuritaire aux récentes manifestations

Un groupe d’organisations nationales et internationales de la société civile a estimé aujourd’hui, jeudi, que “la réponse sécuritaire aux récentes manifestations et l’arrestation de près d’un millier de manifestants vise à réprimer les mouvements sociaux et à jeter les protestataires dans les prisons”.

Lors d’une conférence de presse conjointe tenue à Tunis, les organisations ont dénoncé la gestion par les autorités sécuritaires des manifestations que la Tunisie connaît ces derniers jours, notant que la répression des mouvements vise à détourner les revendications sociales et appelant à la libération des détenus.

Le vice-président de la Ligue tunisienne de défense des droits de l’homme (LTDH), Bassam Trifi, a indiqué que la ligue avait récemment formé, en coordination avec des organisations de la société civile, un comité d’avocats pour défendre les manifestants arrêtés, indiquant que “les tentatives des autorités visant à décourager ces organisations en arrêtant le plus grand nombre possible de protestataires voueront à l’échec”.

Trifi a estimé que la décision de décréter 4 jours de confinement général coïncidant avec l’anniversaire de la révolution visait à réprimer les manifestations, notant que 10 ans se sont écoulés depuis la révolution du 17 décembre 2010 sans que la moindre revendication sociale ne soit satisfaite, notamment au niveau de l’amélioration de la qualité de vie et la lutte contre la pauvreté.

Le président du Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT), Mahdi Jlasi, a, pour sa part, mis en garde contre le danger du traitement sécuritaire des manifestations, dénonçant “les interventions policières violentes contre les manifestants, qui ne se limitait pas à ceux qui ont commis des actes de vandalisme, mais comprenaient de nombreux citoyens qui n’ont pas du tout participé aux manifestations”, a-t-il dit.

Il a ajouté: “Personne n’a le droit d’obliger les citoyens à choisir l’heure des manifestations, car le droit de manifester n’est pas soumis à un cahier des charges interdisant l’organisation de mouvement de protestation pendant la nuit”. Le président du Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES), Abderrahman Hedhili, a, quant à lui, considéré que “le cambriolage de magasins et de produits de base démontre que les protestataires souffrent de ventres creux”.

Hedhili a, à cette occasion, appelé les autorités à éviter le recours à la répression qui a avivé les tensions dans la rue, notant que le forum avait averti il ??y a des mois que le début de cette année verrait une augmentation des revendications sociales et des mouvements de protestation exigeant la justice, l’emploi et le développement. Ont, notamment, participé à cette conférence de presse, le FTDES, le SNJT, la lige des droits de l’Homme, l’association tunisienne des femmes démocrates et Bawsala. Des manifestations nocturnes marquées par des actes de vandalisme et d’atteinte aux biens publics et privés ont éclaté au cours des derniers jours dans plusieurs régions du pays.