Plus d’une trentaine d’ONG tunisiennes ont condamné, avec vigueur, la recrudescence de la violence au sein de l’ARP (Assemblée des représentants du peuple). Une violence presque cautionnée par le président de l’ARP qui se délecte des interventions misogynes, malveillantes et venimeuses du député Affes.
Les associations tunisiennes condamnent un Parlement qui s’adonne sans vergogne à la désinformation, qui incite à la haine, qui dénigre les femmes.
L’Assemblée est devenue le lieu le plus violent de la sphère politique nationale. C’est là où des députés, dépourvus de tout discernement et de tout sens patriotique, ne légifèrent pas mais livrent une guerre sans merci au modèle sociétal tunisien, encouragés qu’ils par le silence complice de la présidence de l’ARP et du groupe parlementaire Ennahdha.
La présidence de l’ARP et la justice n’ont pas réagi aux divagations d’Affes inspirées de sa lecture wahhabite de la religion islamique ; un député dont les déclarations s’attaquent au fondement même de l’Etat tunisien et à sa civilité.
Les associations tunisiennes signataires mettent en garde contre le danger de cette rhétorique sur l’institution législative -incapable d’assumer ses responsabilités pour mettre fin à la détérioration continue de conditions sociales et économiques étouffantes– devenue une plateforme pour l’extrémisme et l’intolérance visant notamment les femmes.
Elles appellent à la levée l’immunité parlementaire de tous les membres reconnus coupables du bloc Al Karama réputé pour son opposition à la liberté d’opinion, de conscience, d’expression et de presse, au droit à la vie et exerçant la violence contre ses opposants. La dernière lancée par un certain nombre de membres de ce bloc anarchiste a eu lieu le 7 décembre 2020, au sein de l’hémicycle du Bardo, et a visé un certain nombre des députés appartenant à différents blocs, notamment le bloc démocratique.
Les signataires appellent à la poursuite en justice du député Seiffeddine Makhlouf, président du bloc Al Karama, pour avoir promu, le 28 novembre lors d’une séance plénière à l’Assemblée, une fausse nouvelle de santé publique liée à la «découverte» en Tunisie d’un médicament qui protège contre la pandémie coronavirus.
Ils appellent les autorités judiciaires à faire toute la lumière sur le vol et l’incendie de livres et de documents dont a été victime la résidence du professeur universitaire écrivaine, Amna Rumaili, à Sousse le 28 novembre dernier. Mme Rumaili est connue pour ses postures critiques vis-à-vis des dirigeants des différents partis politiques.
Parmi les associations signataires, figurent : EuroMed pour les droits, Coalition tunisienne pour l’abolition de la peine de mort, Association Al-Talaqi pour la liberté et l’égalité, Association tunisienne de la rue est un art, Association tunisienne des Nations unies, Association tunisienne pour la défense des libertés individuelles, Association tunisienne pour la défense des valeurs universitaires, Association tunisienne des femmes démocrates, Association des Tunisiens en France, Association des femmes tunisiennes pour la recherche sur le développement, Association des Arts et Cultures des deux rives, Association pour la citoyenneté et les libertés, Fondation Hassan El Saadawi pour la société pour la démocratie et l’égalité, Ligue tunisienne de défense des droits de l’homme.
A.B.A