Tunisie : Rached Ghannouchi face au vote de défiance du parlement

La séance plénière consacrée au vote de la motion de retrait de confiance au président de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), Rached Ghannouchi a démarré ce jeudi à 9h10 et n’a pas entamé jusqu’ici le vote à cause des points d’ordre soulevés par les députés présents dans l’hémicycle.

La décision du bureau de l’ARP de procéder à un vote secret et sans discussion générale, n’a fait qu’envenimer le débat et provoquer des réactions incisives au sein d’une assemblée hétéroclite.

A l’origine de la motion, le Parti Destourien Libre (PDL) et sa présidente Abir Moussi. Le groupe parlementaire du PDL avait observé en mai dernier un sit-in au siège de l’ARP pour faire pression sur le bureau du parlement afin de soumettre en plénière, la motion qui appelle à retirer la confiance au président du parlement “en raison de ses contacts non annoncés avec le président turc Recep Tayyip Erdogan et des violations qu’il a commises envers la politique extérieure de la Tunisie et la diplomatie parlementaire”.

Abir Moussi va jusqu’à faire du retrait de confiance au président de l’ARP, ” une question de sécurité nationale “.

Quatre groupes parlementaires ont également emboité le pas au PDL et ont entamé les procédures de retrait de confiance au président de l’ARP et du mouvement Ennahdha pour un autre motif. Le groupe démocratique (Courant démocrate et Mouvement Echaab), les blocs de la réforme nationale, Tahya Tounes et Al-Watania reprochent à Rached Ghannouchi des dépassements dans la gestion de l’hémicycle.

Les blocs cités ont réussi à recueillir plus de 73 signatures, tout en s’assurant du soutien d’un allié de circonstance, le PDL.

L’affaire de conflit d’intérêt qui a touché le chef du gouvernement Elyes Fakhfakh a constitué une soupape de sécurité pour le président de l’ARP. En effet, les groupes parlementaires d’Ennahdha, Coalition Al Karama et Qalb Tounes ont fait le nécessaire pour recueillir les signatures dans la perspective de voter la défiance au chef du gouvernement.

Elyes Fakhfakh démissionne à temps et renvoie ainsi symboliquement le président de l’ARP devant le fait accompli : Rahed Ghannouchi devra subir l’épreuve du vote de retrait de confiance avec la possibilité de se faire destituer de la présidence du parlement.