La présidence du gouvernement déplore la tenue, assez rapide, il faut le reconnaître, de la conférence de presse de la Commission d’enquête parlementaire à propos de l’affaire dite de « conflit d’intérêt » dont est coupable Elyès Fakhfakh, le chef du gouvernement, pour présenter les résultats de ses investigations. Une commission qui ne brille pas par son impartialité, déplore-t-on au Premier ministère ! La présidence du gouvernement a attiré l’attention sur le fait que des blocs parlementaires se sont abstenus d’assister aux réunions de la commission qu’ils jugent “arbitraires“.
Fakhfakh a exprimé son étonnement face à une posture qui ne respecte pas les règles élémentaires de neutralité dans ses investigations pour la recherche de la vérité. Il est surpris de n’avoir pas été lui-même convoqué ou une personne le représentant pour donner sa version des faits devant la commission d’enquête.
Il considère également que cette commission a été créée pour des raisons qui n’ont rien à voir avec la lutte contre la corruption mais bien par vindicte et esprit de revanche politicienne. « Son objectif n’était pas autant de rechercher la vérité que de communiquer pour influencer la justice en vue d’une inculpation future par la manipulation des faits ».
Elyès Fakhfakh considère que la seule vérité qui pourrait être dite est celle qui sera proférée par une justice neutre, indépendante et équitable.
Le principe dans le droit est que nous sommes innocents jusqu’à preuve du contraire. Mais depuis le déclenchement, pas innocent du tout, de l’affaire Fakhfakh, la machine législative a vite fait de réagir et d’agir pour confirmer toutes les accusations à son encontre et l’écarter du pouvoir, ce qui fait sérieusement douter de la crédibilité de l’action et de ses objectifs nobles. D’autant plus que notre chère ARP aurait pu montrer autant de bonne volonté dans des affaires qui menacent la sécurité économique de notre pays et sa sécurité tout court.
L’INLUCC a dénoncé à maintes reprises la corruption de dizaines de députés et leur implication dans des affaires très louches, de loin plus louches que celle dont est accusé le CDG sans que ceux qui veillent aux destinées de l’ARP aient bougé le petit doigt, ce qui confirme encore une fois que le « procès » Fakhfakh est politique et non éthique.
Ceci ne veut pas dire non plus que notre chef de gouvernement est blanc comme neige, mais quand les inquisiteurs ne sont pas dignes de confiance, à part peut-être un seul député, tout ce qu’ils peuvent dire ou faire sera toujours sujet aux doutes n’étant pas eux-mêmes les meilleurs exemples de probité.
Car sinon pourquoi la commission d’enquête sur les jeunes envoyés pour tuer et massacrer les Syriens et les réseaux qui les ont engagés est mort-née ? Si ce n’est parce que le parti coupable a bloqué toutes les issues pour l’avancement des investigations et les députés complices ou lâches ont laissé faire.
En somme, dans cette nouvelle Tunisie, le despotisme customisé revêt plusieurs visages et les deux poids, deux mesures selon les appartenances partisanes nous laissent sceptiques sur toutes les enquêtes qui pourraient être menées par l’ARP jusqu’à ce que l’on voie autant d’engouement pour des affaires beaucoup plus importantes et menaçant la sécurité nationale.
A.B.A