[OPINION] Quand la logique sectaire s’exprime par la bouche de Samir Dilou à l’Assemblée

«Comme nous ne tolérerons pas que l’on traite d’autres députés de clochards, nous n’admettrons pas que l’on dise que le Parlement abrite des «daeshiens» (Vidéo).

C’est l’une des déclarations de Samir Dilou, député d’Ennahdha à l’ARP et membre de la Commission des finances, s’adressant à Abir Moussi, présidente du PDL, qui a subi, dans la séance du mardi 3 décembre 2019, les foudres de l’une de ses «sœurs» traitant les destouriens de tous les noms et du reste elle-même, ancienne membre du parti «Attajammo3».

Samir Dilou, d’habitude zen, est, paraît-il, plus allergique aux RCDistes qu’aux défenseurs des terroristes. L’attaque est la meilleure défense : c’est l’approche prônée par Samir Dilou, lequel, en avocat bien rompu à l’art de la polémique, a préféré noyer l’ignorance manifeste de sa collègue sur tout ce qui se rapporte à la finance, contrairement à une maîtrise absolue des insultes, la défendant contre vents et marées et faisant porter le chapeau à Abir Moussi qui avait déclaré que ceux qui brandissent le signe de “Rabaa“ sont des “daeshiens“.

Samir Dilou est-il conscient que ces scènes, dignes des meilleurs films, ne passent plus et que les Tunisiens avisés, qui ont échappé à cette allégeance absolue pour le mouvement des Frères musulmans version soft, mais plus dangereuse, savent pertinemment que c’est du cinéma et que c’est pour flouer la galerie?

Est-il conscient que face à l’ignorance, il faut opposer le savoir et qu’au lieu de s’attaquer aux députés qui maîtrisent leurs dossiers, il aurait fallu organiser des cycles de formation à ses «frères et sœurs» élus sur une base purement théologique et qui n’ont rien à voir avec la gestion de l’Etat et qui ne comprennent rien aux affaires de l’Etat ?

Samir Dilou sait-il que rares sont qui ne traînent pas de lourdes casseroles à l’ARP et qu’à chaque attaque qu’il proférerait à quiconque dans les autres blocs parlementaires, ceux éclairés et informés parmi nos concitoyens patriotes peuvent lui rappeler les attentats terroristes des années 90 dont des postes de police incendiés et qui n’ont revu le jour qu’après que son parti a arraché le pouvoir démocratiquement ? (sic) ! Ces Tunisiens indignés et écœurés par la naissance d’une nouvelle culture post-révolution axée sur les butins de guerre et l’enrichissement illicite des militants, On n’en a marre.

Devons-nous lui rappeler Ennahdha et ses échecs successifs dans la gestion des affaires de l’Etat qui ont mis à genoux l’économie nationale, appauvri les Tunisiens et enrichi les opposants d’hier, millionnaires et milliardaires aujourd’hui?

Il n’ y a pas de quoi d’être fier de votre bilan 

Si ceux qui ont commis des attentats terroristes et organisé le coup d’Etat sécuritaire de 1987 ont été amnistiés et réinjectés dans toutes les arcanes de l’Etat, pourquoi insultez-vous ceux qui supportaient ou soutenaient la dictature ? Seraient-ils pire que les autres ? Le mea culpa, vous connaissez ?

Et si nous faisions le bilan de vos réalisations et vos échecs et nous les comparions aux échecs de Ben Ali et Bourguiba réunis, monsieur Dilou ?

Y a-t-il eu plus de morts du temps de Ben Ali que de votre temps, monsieur l’opposant démocrate qui estimez que brandir le signe de Rabaa n’est pas l’expression de l’ignorance et du fascisme religieux que vous défendez ? Et si nous les comptions monsieur ?

La Tunisie a-t-elle vécu une terreur pire que celle qu’elle vit sous votre démocratie monsieur Dilou ?

La Tunisie a-t-elle autant régressé économiquement que depuis que vous la gouvernez directement ou par les mains de vos mercenaires monsieur ?

Vous gouvernez mais dans votre arrogance, vous n’osez même pas reconnaître vos échecs et votre incompétence, ce sont toujours les autres qui font des erreurs ! Vous vous êtes aussi parfaits que Dieu, parait-il !

De votre temps, les caisses de l’Etat ont été vidées pour dédommager ceux à qui nous n’avons rien demandé et qui veulent être payés pour avoir, semble-t-il, milité pour les libertés !

De votre temps, le pays a atteint le seuil de 80% d’endettement ! Le peuple tunisien a-t-il autant déprimé et consommé d’antidépresseurs que de votre temps, Monsieur Dilou Demandez donc aux psychiatres et aux psychothérapeutes, ils vous renseigneront mieux que quiconque !

J’aurais été vous, je me serais fait petite par décence et par modestie, car de votre temps nos jeunes sont devenus des assassins, ont violé et massacré des populations civiles innocentes qui ne leur ont rien fait !

Et si nous mesurions les crimes des uns et des autres, monsieur ? De votre temps, notre pays, naguère paisible et aimant, est devenu haineux et vindicatif !

De votre temps, nos enfants, auparavant scolarisés à presque 100%, ont déserté les écoles!

De votre temps, nos femmes, connues pour leur émancipation, leur savoir et leurs compétences, ont fait commerce de leurs corps pour satisfaire les désirs bestiaux des armées daechiennes en Syrie, en Irak et en Libye !

De votre temps, nos jeunes meurent sur les routes parce que vos ministres sont incapables de mener leur mission comme il se doit !

De votre temps, la Tunisie a reculé d’un siècle, monsieur ! Nous avions connu des temps meilleurs avant que vous n’occupiez nos cieux et que vous voliez la révolution de jeunes qui voulaient du travail et de la dignité, Monsieur DILOU !

Non mais comment osez-vous vous montrer ? Comment osez-vous hausser la voix face à un peuple que vous avez avili, appauvri et apeuré ?

De grâce, un peu de décence !

Amel Belhadj Ali

*Retour sur une scène où une députée nahdhaoui a attaqué Abir Moussi, présidente du PDL pour son intervention sur le budget de l’Etat mardi 3 décembre 2019 !