Les participants lundi à Tunis à une table ronde, sur l’évaluation du rendement du Parlement pour la période 2015-2019 ” ont été unanimes à souligner la faiblesse de l’institution parlementaire, issue des premières élections législatives après la révolution (octobre 2014).
D’après eux, le Parlement a failli à sa mission de contrôle de l’exécutif, de promulgation de lois importantes et d’instauration des instances constitutionnelles, dont en premier lieu la Cour Constitutionnelle.
Pour Chawki Tabib, président de l’Instance Nationale de Lutte Contre la Corruption (Inlucc), l’instance était parmi les premières organisations à s’opposer à la Loi organique n° 2018-47 du 7 août 2018, portant dispositions communes aux instances constitutionnelles indépendantes, étant donné que chaque instance constitutionnelle a ses propres spécificités.
” Le parlement a abusé de son pouvoir concernant la loi organique relative à l’Instance de la bonne gouvernance et de la lutte contre la corruption, dont les membres ne sont pas encore élus et réduit les prérogatives de son président “, a-t-il dénoncé.
Intervenant par visioconférence, Tabib a souligné qu’en dépit de la tenue de trois séances plénières pour l’élection des membres de l’Instance de la bonne gouvernance, le parlement a échoué, en raison d’une volonté d’exercer une mainmise sur l’instance et ses membres.
” La mission de contrôle du parlement était en deçà des attentes “, a regretté Tabib.
Pour Najla Brahem, ancienne membre de l’Instance Supérieure Indépendante pour les Elections ISIE et magistrate au Tribunal Adminstratif, le parlement sortant dont les travaux ont été bloqués, à maintes reprises, est affaibli par le système des quotas partisans. ” Aucun candidat pour l’Instance de la bonne gouvernance n’a pu obtenir la majorité requise de 145 voix “, a-t-elle dit.
Pour sa part, le député du bloc démocrate Ghazi Chaouachi (groupe d’opposition au sein du parlement formé de 4 partis politiques) a indiqué que les partis de la coalition au pouvoir représentaient la majorité au sein du parlement et détenaient le monopole de décision.
La table ronde est organisée à l’initiative de l’Association arabe pour les sciences politiques et juridiques en partenariat avec l’Institut Supérieur des Etudes Juridiques et Politiques de Kairouan.