Tunisie – Justice : Quand en guise de représailles, on parle de punaises dans nos tribunaux

«On peut très bien se venger sans tuer. Il y a tout un art de la vengeance et il se pratique avec lenteur, sadisme et fourberie, souvent sans faire couler une seule goutte de sang» assure l’éditorialiste et journaliste américain Franz-Olivier Giesbert. Il ne croit pas si bien dire s’agissant de nombre de politiciens qui ont fait main basse sur la Tunisie depuis 2011 et qui la gèrent encore aujourd’hui comme si elle leur appartenait en y contrôlant tous les centres décisionnels.

Le départ à la retraite de Hédi Guediri, premier président de la Cour de cassation et président de l’Instance provisoire de contrôle de la constitutionnalité des projets de loi ne s’est pas passé sans représailles et sans des campagnes d’une rare violence verbale sur les réseaux sociaux et dans les couloirs de nos chers cours !

Ainsi, et tout de suite après, on a commencé à parler de l’invasion des punaises dans les tribunaux de Tunis avec pour objectif : décrédibiliser le ministre de la Justice et son département. Comme si son rôle à lui est de veiller sur la propreté irréprochable desdits tribunaux. Fort heureusement cette campagne sale, bête et méchante orchestrée par un islamiste qui se prétend syndicaliste alors qu’il n’a rien à voir avec l’UGTT a suscité plus de rire que de colère.

En réalité son initiateur a transformé une opération de nettoyage des bureaux et des arbres environnants -il s’agit d’ailleurs de 2 bureaux- en un envahissement des puces de lit. Sauf que le monsieur n’a pas très bien préparé ses leçons oubliant que la Punaise de Lit ou «Cimex Lectularius  se trouve habituellement dans les chambres, les hôpitaux, les maisons de retraite, les crèches, les dortoirs et les logements qui sont les lieux privilégiés de contamination mais pas de chance, rarement dans les bureaux. Elles ne peuvent tout simplement pas y survivre sauf si elles trouvent du sang pour se nourrir ! Le monsieur en question a-t-il été et personnellement attaqué par des punaises ?

Les personnels judiciaires ont, par contre, été largement contaminés par le virus partisan et particulièrement celui de la Nahdha et ce depuis que Noureddine Bhiri a pris en charge le département de la Justice, qu’il a fourni de ses hommes de main, privant les justiciables tunisiens d’une justice neutre et aveugle.

L’ouverture en ce lundi 8 octobre par le pôle judiciaire de lutte contre le terrorisme d’une enquête à propos d’une présumée implication du parti Nahdha dans les assassinats de Chokri Belaïd et de Mohamed Brahmi pourrait pousser les alliés du parti islamiste tunisien à des campagnes plus nocives et virulentes à l’encontre du ministre de la Justice. Et pourtant, nombreux parmi les artisans de ces attaques gratuites devraient savoir qu’en faisant de l’appareil judiciaire un instrument partisan, ils seront eux-mêmes ses premières victimes dès que les rapports de force pencheront en direction d’un parti rival !

Donc attendons-nous à des campagnes d’intox successives visant le ministre de la Justice qui a tenu contre vents et marées à appliquer la loi en refusant catégoriquement de rallonger d’une année et même de 6 mois le maintien de l’ancien président de la cour de Cassation en poste.

Qui ne sait pas que lorsqu’on veut tuer son chien, on l’accuse de rage !
A.B.A