Le Secrétaire général du Courant démocrate, Ghazi Chaouachi, a estimé que Youssef Chahed “manque de maturité politique” et que “la supposée guerre qu’il mène contre la corruption est factice”.
“C’est une guerre entre des corrompus menée à des fins électorales et politiciennes et qui n’a aucun rapport avec l’intérêt du peuple”, a-t-il dit au cours d’une conférence de presse, mercredi, aux locaux du parti à Tunis.
La guerre contre la corruption pourtant considérée comme une des priorités de l’actuel gouvernement, a-t-il relevé, “a été déviée de ses objectifs par Youssef Chahed qui s’en sert, désormais, comme moyen de règlement de comptes, pour polir son image et cacher les réelles difficultés sociales, économiques et politiques du pays”.
Pour lui, la lutte contre la corruption requiert une réelle volonté politique, l’élaboration d’une stratégie nationale, la mise en place d’une justice indépendante et d’instances publiques de contrôle outre un dispositif juridique en harmonie avec la Constitution et les conventions internationales en vigueur.
Il est impossible de sortir des crises socioéconomique et politique actuelles, de réaliser le développement et de faire réussir l’expérience démocratique sans une lutte contre la corruption, sans la réforme de l’administration et sans l’instauration d’une gouvernance dans tous les domaines, a-t-il dit.
D’après Ghazi Chaouachi, le limogeage du ministre de l’Energie, du secrétaire d’Etat des Mines et de plusieurs responsables et la fusion du ministère de l’Energie et de l’Industrie sont des “décisions hâtives”. Le chef du gouvernement a voulu “marquer des points contre ses adversaires dans sa guerre sélective contre la corruption”.
Il a, par ailleurs, passé en revue ce qu’il a qualifié de soupçons de corruption contre le secrétaire d’Etat des Mines depuis qu’il a occupé la fonction de délégué de Tinja (gouvernorat de Bizerte) sous le gouvernement de Mehdi Jemaa et jusqu’à sa nomination à la tête du gouvernorat de Kebili.
Il est poursuivi, a-t-il ajouté, dans une affaire de corruption intentée devant le Tribunal de première instance de Kebili pour son implication dans des affaires liées au transport du phosphate à Redayef.
Il a aussi parlé de soupçons de corruption contre le ministre de l’Energie, Khaled Gaddour, limogé, depuis qu’il occupait le poste de Directeur général au sein de ce ministère du fait de son implication dans une affaire en rapport avec la vente d’actions confisqués à Slim Chiboub, gendre de l’ancien président Ben Ali.
Selon Chaouachi, ces actions ont été transférées au profit de la compagnie étrangère “Anadarko” représentée en Tunisie par Slaheddine Caïd Essebsi, frère du président de la République. L’opération de transfert a été effectuée après accord de Khaled Gaddour alors directeur général des Mines et l’approbation de Béji Caïd Essebsi alors chef du gouvernement en 2011.
Ghazi Chaouachi estime que lors de cette transaction les règles garantissant une concurrence loyale n’ont pas été respectées et aucun appel d’offre n’a été lancé.
Selon lui, Chahed était au courant de ce dossier, ce qui, à son avis, met en doute la crédibilité des révocations au nom de la guerre contre la corruption.