Il était presque 19h30, en ce samedi du 25 août. A l’entrée de Hergla, une ambiance assez calme régnait sur cette ville côtière près de Sousse.
La cérémonie inaugurale des 13èmes Rencontres Cinématographiques de Hergla, devait commencer dans près d’une heure. En cette nuit de fin d’été, la mer limpide, le vent calme et les premiers invités sont en train de dîner autour des banquettes du restaurant de la ville.
Ils sont pour la plupart du monde du 7ème art tunisien. Parmi les hôtes étrangers déjà présents, les italiens Carlo Fioretti, assistant Directeur Photo et Pino Bertucci, technicien d’éclairage.
Devant la bibliothèque de la ville qui abrite cette édition 2018, de jeunes cinéphiles attendaient le démarrage des premières projections nocturnes.
Cette manifestation annuelle tant attendue, se poursuivra, du 25 au 28 août, sous le signe de la restitution de la mémoire cinématographique de Hergla. Elle est initiée et dirigée par le réalisateur Mohamed Challouf qui tient à raviver la mémoire d’une ville, jadis destination de plusieurs cinéastes tunisiens et européens.
La ville célèbre le cinquantenaire du passage en 1968 du célèbre réalisateur italien Roberto Rosselini pour le tournage d’une partie de son film “Les Actes des Apôtres”.
De la mémoire du cinéma tunisien des années 60, il y a eu la diffusion du film “Un gosse dans la Foule” du réalisateur Lotfi Layouni. Cette fiction de 12 minutes datant de 1967, il l’avait tournée alors étudiant d’à peine 23 ans.
Ce premier film était pour lui “tel un essai de style et un exercice technique et artistique”. Le réalisateur a présenté une fiction née de cette idée qui lui tenait à cœur “à montrer ce contraste entre une civilisation orientale et autre occidentale.”
Il est revenu sur ses souvenirs dans cette ville qui “était un simple village extrêmement pittoresque et très beau”. Tombé sous le charme de Hergla, iI y était toujours revenu tourner, citant le dernier film de feu Taïeb Louhichi “L’enfant du Soleil”(2013) dont il est le producteur.
“Un gosse dans la foule” montrait un pauvre village de pêcheur et des conditions de vie dures semblables à celles dans plusieurs autres régions de la Tunisie post- indépendante.
Les mêmes images de la vie des habitants, se répètent dans le documentaire “Hergla” des suédois Bengt Jonson & Ake Karlsson, de passage dans la ville en 1966.
Dans ce documentaire sous titrée en français avec l’aide d’une suédoise résidente à Hergla, le narrateur évoque les moindres détails d’un village oublié, peuplé de quelques 2000 personnes. L’Etat tunisien entamait à l’époque l’amélioration des conditions de vie des habitants à travers un projet qui couvre “200 villages oubliés”, tel que cité par le documentaire.
Des images de la ville de Hergla sont actuellement visibles à l’exposition “Hergla ville ouverte pour Roberto Rosselini, août – décembre 1968”, œuvre du photographe Carlo Fioretti. Le vernissage de l’exposition a eu lieu, samedi, 25 aout, à la maison de la Culture de Hergla.