Le ministre de la Défense nationale Abdelkrim Zbibi a pointé du doigt vendredi l’insuffisance du cadre juridique relatif à la migration irrégulière et la non application de la loi en vigueur sur cette question.
Le ministre de la Défense s’exprimait ce vendredi lors d’une séance à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) consacrée à une question orale du député Imed Daimi sur les circonstances du naufrage d’une embarcation de migrants clandestins le 8 octobre 2017 après une collision avec un navire militaire.
Abdelkrim Zbibi a souligné la nécessité de combler le vide juridique et de changer les lois inefficaces en conformité avec les conventions internationales ratifiées par la Tunisie, exprimant, au nom de l’institution militaire, ses regrets pour les victimes du naufrage.
Il a ajouté que le rapport publié par le Procureur général militaire a conclu que “le naufrage est du à une collision qui n’était pas délibérée, considérant que la faute est commise au premier degré par le capitaine de l’embarcation et au deuxième degré par le Commandant du navire militaire qui n’a pas respecté la distance de sécurité”.
Les unités de la Marine nationale, a-t-il dit, ont secouru 1061 personnes et mis en échec 60 tentatives de migration irrégulière en 2017. Durant le premier semestre de 2018, les unités maritimes ont secouru 529 personnes dont 64 ressortissants étrangers et avorté 14 tentatives de migration clandestine.
Le ministre de la Défense a également insisté sur la nécessité de lutter contre la migration irrégulière par voie terrestre avant l’embarcation des migrants. Car, a-t-il dit, l’intervention est plus efficace et permet d’éviter des pertes en vies humaines.
Il y a lieu aussi, a souligné le ministre, de garantir l’efficacité des opérations préventives, de surveiller les plages et d’appliquer la loi tout en accordant un intérêt particulier aux questions de développement pour dissuader les jeunes à l’idée d’émigrer.
Dans son intervention, Imed Daimi a estimé que la rencontre avec le ministre de la Défense aurait du avoir lieu avant cette date. Pour lui, l’institution militaire se devait de donner des clarifications à l’opinion publique au moment opportun pour éviter les rumeurs et les interprétations pouvant nuire à l’image de l’armée qui bénéficie de la confiance des Tunisiens. Des excuses au peuple tunisien et aux familles des victimes sont nécessaires de la part du ministère de la Défense, a-t-il avancé.
Quarante six personnes se sont noyées lors de la collision entre une embarcation de migrants irréguliers et un navire militaire le 8 octobre 2017 près des côtes de l’île de Kerkennah.
Le parquet militaire s’est saisi de l’affaire. L’enquête a été clôturée en mai 2018. Dans une déclaration rendue publique par le Procureur général directeur de la justice militaire le 17 mai 2018, le capitaine du navire militaire et le capitaine de l’embarcation de migrants ont été accusés d’avoir une responsabilité dans cet accident au cours duquel des dizaines de personnes se sont noyées et d’autres ont été secourues.
L’affaire a été reportée pour le mois de septembre 2018.