C’est l’un des meilleurs gardiens de but tunisien des deux dernières décennies selon les spécialistes, compte tenu de ses performances et de sa grande discipline au sein de l’ES Sahel et de l’équipe nationale, et il est toujours influent dans le groupe même s’il a perdu sa place de titulaire à part entière au cours des derniers mois.
Aymen Mathlouthi ou Balbouli comme beaucoup aiment le surnommer, en hommage à l’ancien champion du monde de boxe Taoufik Balbouli, s’apprête ces jours-ci à concrétiser un rêve qu’il a longtemps caressé, celui de participer avec le onze national à la phase finale de la Coupe du Monde en Russie, à un âge certes un peu avancé (33 ans), mais qui vient parachever ses hauts faits à l’échelle locale et continentale et terminer ainsi en apothéose une belle carrière de plus de 10 ans parmi les seniors.
Balbouli avait débuté sa carrière dans les rangs des jeunes d’Al Omrane au début des années soixante-dix avant de passer à l’Espérance pour une courte expérience puis au Club Africain en 1995. Il avait attiré l’attention des spécialistes dans le parc Mounir Kebaili grâce à ses belles parades et ses interventions gracieuses, lui prédisant un bel avenir…Leur prédiction n’a pas tardé à se concrétiser, non pas dans les rangs du C.Africain, mais sous le maillot de l’Etoile du Sahel qui a réussi à s’attacher ses services en 1999.
Le jeune Balbouli ne savait pas que son passage à l’équipe étoilée sera une étape importante dans sa carrière et va lui ouvrir les portes de la gloire, bien que le chemin était semé d’embuches, avec notamment la présence du gardien nigérian Igede Austin qui le maintenait constamment sur le banc.
Se rappelant sa prime enfance, Balbouli indique qu’il avait pris du goût pour le football avec ses pairs dans son quartier et aimait bien jouer au poste de gardien de but. “Quand j’ai intégré les jeunes de la JS Omrane je n’ambitionnai pas d’atteindre le haut niveau, je voulais juste jouer régulièrement dans les rangs d’une équipe structurée, mais les choses se sont vite accélérées, surtout depuis mon arrivée au Club Africain puis mon transfert à l’Etoile du Sahel à l’âge de 15 ans à peine”.
“Je me rappelle de mon passage des cadets au seniors en 2001 sous la direction de l’entraîneur français Bernard Casoni, qui m’a donné la chance de jouer quelques-unes des rencontres à moins de 17 ans”, évoque avec nostalgie le gardien étoilé qui admirait alors le talent du gardien de la Juventus et de la sélection italienne Angelo Peruzzi et suivait de près les grands portiers de l’époque pour s’en inspirer et progresser.
Balbouli attendait sa chance pour prendre sa place à part entière, un objectif qu’il a pu atteindre avec la décision de la Fédération tunisienne de football d’interdire le recrutement des gardiens de but étrangers ou le renouvellement de leurs contrats. Cette décision lui a permis d’être titularisé dans les buts de l’Etoile. Depuis il a disputé plus de 400 matchs avec la formation sahélienne dans diverses compétitions, remportant avec son équipe le championnat de Tunisie en 2007 et 2016 et la coupe de Tunisie en 2012, 2014 et 2015 ainsi que la Ligue des champions d’Afrique 2007, la Coupe d’Afrique de la Confédération en 2006 et 2015, la Coupe d’Afrique des vainqueurs de coupe 2003, la Supercoupe Afrique 2008 et la quatrième place en Coupe du monde de Clubs de la FIFA au Japon en 2007, ce qui fait de lui le joueur tunisien le plus titré à l’échelle continentale.
Pour lui, la Ligue des Champions d’Afrique reste le plus cher de ces titres et son meilleur exploit. Se mémorisant la performance du Caire, Bablouli décrit le décor mémorable. “Le stade était archicomble avec 80 mille bouillants supporters d’Al Ahly tous acquis à la cause de leur club et venus fêter le titre après avoir fait match nul à l’aller à Sousse. Notre équipe était composée principalement de jeunes éléments et nous étions amoindris avec l’absence de deux éléments clés en défense, Seif Ghazal et Mehdi Meriah… Mais nous avons livré ce jour-là une prestation héroïque et fait preuve d’une grande discipline, pour l’emporter avec brio 3-1 et décrocher le titre continental”.
“Cela n’a pas été facile de battre le grand Al Ahly sur son terrain et cette performance nous a ouvert la porte du Mondial des clubs au Japon pour devenir le premier club tunisien à prendre part à cette compétition internationale. Nous avons laissé de bonnes impressions au Japon avec une quatrième place après avoir livré de bonnes prestations face à de grandes équipes telles que Boca Juniors d’Argentine, Pachuca du Mexique et la Urawa du Japon”, relève le portier sahélien.
Son bon rendement et sa constance avec l’Etoile lui ont valu sa convocation en équipe nationale, disputant sa première rencontre officielle avec les Aigles de Carthage en 2007 devant l’Autriche (0-0). “Ca était un match difficile disputé dans une température glaciale. J’étais sous les projecteurs et j’étais tenu de confirmer mes résultats avec l’ES Sahel et de prouver que je méritais d’endosser le maillot de la sélection nationale. Heureusement que les choses se sont bien passées en préservant mes buts et réussissant mes débuts”, se réjouit Balbouli.
A partir de 2008, le gardien étoilé est devenu le gardien titulaire de la sélection nationale avant d’obtenir plus tard le brassard du capitaine, pour un long bail avec les Aigles de Carthage avec lesquels il a disputé six éditions de Coupe d’Afrique des Nations, égalant le record établi pour Kais Ghodbane et Riadh Bouazizi (de 1996 à 2006), avant son couronnement en Championnat d’Afrique des Nations des joueurs locaux 2011, son élection meilleur gardien de la phase finale de la CAN 2015 et parmi la sélection idéale des 11 meilleurs joueurs d’Afrique en 2017.
Au cours de cette saison, Balbouli a connu des sentiments contradictoires avec la joie de sa première qualification pour la Coupe du monde et son départ sur la pointe des pieds de l’Etoile du Sahel après la lourde défaite de la formation sahélienne au stade Borj Al Arab devant Al-Ahly (1-6), en demi-finale retour de la Ligue des champions d’Afrique, pour rejoindre le club saoudien Al Batin, le menant à une demi-finale historique en coupe du royaume.
En faisant le bilan de sa longue carrière, Balbouli éprouve un sentiment de satisfaction malgré sa ferme conviction qu’il aurait pu faire mieux.
“Globalement, je considère ma carrière de football comme honorable. J’ai atteint presque tous mes objectifs sportifs et n’eut été une certaine malchance j’aurais accompli un meilleur parcours car j’ai raté des opportunités avec l’ES Sahel et avec la sélection nationale, notamment la coupe du monde 2010 après avoir laissé échapper la qualification lors du dernier match face au Mozambique”, explique Balbouli.
“Je garde pour moi des souvenirs merveilleux et j’espère connaître d’autres avec la sélection nationale en Russie 2018. Certes la mission ne s’annonce pas de tout repos, eu égard à la valeur des sélections d’Angleterre et de Belgique qui comptent une constellation de vedettes très rodées mais elle n’est pas impossible. Nous devons croire en nos chances et savoir les défendre tout en sachant que le footballeur tunisien aime relever de tels défis”, conclut le portier international.
Hor des terrains, Balbouli est connu pour sa bonne conduite morale, son calme et sa modestie. Fuyant souvent les projecteurs médiatiques et les réseaux sociaux, le gardien étoilé est doté d’un charisme certain et jouit du respect de tous.