La sélection tunisienne de football abordera la Coupe du Monde Russie-2018 (14 juin/15 juillet) avec beaucoup de détermination et l’espoir de décrocher le précieux sésame pour le deuxième tour, qui serait un exploit inédit dans l’histoire du football tunisien, une ambition légitime qu’elle devra concrétiser sur le terrain face à trois adversaires du groupe “G” dont deux poids lourds, l’Angleterre, la Belgique et le Panama.
Le billet de qualification pour la phase finale à peine validé en novembre dernier, après que les Aigles de Carthage aient terminé à la tête du groupe A avec 14 points (4 victoires, 2 nuls et aucune défaite) devant la RD Congo, la Guinée et la Libye, la fédération tunisienne de football (FTF) s’est attelée à fournir tous les moyens et à assurer les meilleures conditions de préparation à l’équipe en vue de réaliser une digne participation, chasser le signe indien d’un échec dès le premier tour et faire oublier les mauvais résultats de ses trois dernières participations en phase finale (France 1998, Japon/Corée 2002 et Allemagne 2006).
Pour cela, un riche programme a été concocté avec de nombreux stages et de matches amicaux face à des sparring-partners de haut niveau comme l’Iran, le Costa Rica, le Portugal, la Turquie et l’Espagne.
Et afin d’apporter une valeur ajoutée à l’équipe sur le plan technico-tactique, le sélectionneur Nabil Maaloul a fait appel à plusieurs nouveaux joueurs bi-nationaux qui évoluent dans les championnats européens comme le gardien Moez Hassen (Chateauroux/France), le défenseur Yohan Ben Alouane (Leiceister City/Angleterre), le milieu Elyès Skhiri (Montpellier/France) et le milieu défensif Seifeddine Khaoui (Troyes/France).
La préparation a débuté en mars dernier avec une liste élargie de 28 joueurs qui ont disputé deux tests amicaux face à l’Iran à Radès et au Costa Rica à Nice en France, soldés par deux victoires convaincantes des coéquipiers de Yassine Meriah par le même score de 1 but à 0.
Ces premiers tests ont permis au technicien tunisien de se faire une idée sur la capacité d’intégration des nouveaux joueurs dans le groupe et leur degré d’adapation au jeu de l’équipe.
Pour sa première apparition dans la cage tunisienne à l’occasion du match amical face au Costa Rica, le gardien de Chateauroux Moez Hassan, formé à Nice, n’a pas démérité et a montré beaucoup de sang froid en étant sûr et rapide dans les sorties tandis que le capitaine de Montpellier Elyes Skhiri, a apporté beaucoup d’équilibre dans le milieu grâce à son bon sens du placement et de la relance. Quant au défenseur central de Leicester, Yohan Ben Alouane préféré à Aymen Abdennour (Olympique de Marseille) et qui a accepté de venir en sélection trois mois seulement avant la coupe du monde, sa prestation lors du match amical face à l’Iran a été assez correcte mais le joueur devra convaincre davantage.
L’apport de Seifeddine Khaoui, un spécialiste des balles arrêtées, n’est pas négligeable non plus. Doté d’une frappe puissante de la gauche, le milieu offensif, prêté cette saison à Troyes par l’Olympique de Marseille, devrait faire partie des calculs du technicien tunisien en Russie.
Mais au moment où le travail était consacré au renforcement de l’effectif, un coup dur frappe le groupe avec le forfait pour blessure de deux joueurs clés, le milieu offensif d’Al Duhail (Qatar), Youssef Mskani, gravement blessé aux ligaments croisés du genou droit en championnat du Qatar, et l’attaquant Mohamed Taha Yassine Khenissi, qui s’est blessé à la cuisse lors du match en championnat de la ligue 1 avec l’Esperance face à la JS Kairouan, le 10 mai dernier. Deux éléments incontournables dans le dispositif tactique de Nabil Maaloul.
La déception digérée, la Tunisie s’est consolée avec le bond historique réalisé au classement FIFA du mois d’avril, en prenant pour la première fois de son histoire la 14ème place.
La préparation pour le mondial a repris à la mi-mai après la clôture de la saison sportive nationale avec un premier stage à Tunis avant le départ pour la ville Portugaise Braga, où les Aigles de Carthage ont croisé le fer en amical avec le Portugal, champion d’Europe le 25 mai. Un test grandeur nature pour les Tunisiens face à ce prestigieux adversaire, 4ème mondial et qui possède des joueurs évoluant dans les plus grands clubs européens.
L’équipe a montré une grande force de caractère en réussissant une belle “remontada” après avoir été menée au score par 2 buts à 0. Anice Badri a réduit le score et Fakhreddine Ben Youssef a égalisé en fin de match. Un bon test, qui a permis au staff technique d’apporter les corrections nécessaires notamment en défense et d’avoir une idée plus précise sur les titulaires qu’il alignera au Mondial.
Le quatrième match amical face à la Turquie joué le 1er juin à Genève à écarté tous les doutes sur les joueurs qui ne feront pas partie de la liste officielle des 23 communiquée à la FIFA. Une décision difficile pour le technicien tunisien qui a dû barrer six noms d’une première sélection de 29 joueurs, annoncée le 15 mai: le gardien de but Moez Ben Cherifia (ES Tunis), les défenseurs Bilel Mohsni (Dundee United, Ecosse) et Khalil Chammam (ES Tunis), les milieux de terrain Mohamed Wael Larbi (Tours, France) et Karim Laribi (Cesena, Italie), et enfin l’attaquant Ahmed Akaichi (Al-Ittihad, Arabie Saoudite).
Face à la Turquie, les Tunisiens qui ont concédé le nul (2-2), auraient pu l’emporter n’eut été un but encaissé en toute fin de match sur un coup franc qui a surpris le gardien Moez Hassen à cause d’une erreur défensive.
Au delà des résultats des deux matches amicaux au Portugal et en Suisse, ces deux tests ont été une excellente opportunité pour évaluer le niveau de chaque joueur. Le milieu offensif de l’Espérance Anice Badri, a prouvé en marquant deux magnifiques buts, qu’il est devenu une pièce-maîtresse dans le schéma tactique du sélectionneur national.
Evaluant la préparation effectuée jusque là, Nabil Maaloul a fait part de sa grande satisfaction des conditions de travail et de la bonne ambiance qui règne dans le groupe. “Les deux stages au Portugal et en Suisse nous ont permis d’atteindre les objectifs fixés qui sont l’évaluation de la forme physique des joueurs, leur capacité d’intégration dans le groupe et le degré d’adaptation aux différents schémas tactiques et techniques”, a-t-il déclaré à l’Agence Tunis Afrique Presse, affirmant que l’équipe possède désormais un jeu précis et structuré. Nous avons axé le travail durant la dernière étape de préparation sur le déploiement tactique et la construction progressive de l’attaque et la liste définitive des 23 joueurs a été arrêtée en fonction des besoins de l’équipe dans les différents postes et compartiments.
“J’espère que nous avons fait les choix adéquats qui donneront plus d’efficacité dans le rendement de l’équipe”.
Le staff technique a consacré le travail lors des derniers jours de préparation à consolider la cohésion entre les lignes et à corriger les lacunes. Ainsi le dernier match face à l’Espagne joué le 9 juin à Krasnodar en Russie avant le Mondial, a été un excellent test.
Les Aigles de Carthage ont joué d’égal à égal face à la Roja qui évoluait avec toutes ses vedettes et leur ont créé beaucoup de difficultés notamment sur le plan défensif. Ils ont été sérieux et bien appliqués privant l’adversaire d’espace pour construire son jeu habituel. Les coéquipiers de Sergio Ramos ont du attendre jusqu’à la 83ème minute pour ouvrir le score par Iago Aaspas après une erreur défensive.
Un rendement convaincant et le retour attendu de Wahbi Khazri devrait apporter encore plus d’efficacité dans le dispositif offensif de Maaloul qui a affirmé lors de la conférence de presse après le match que “la Tunisie est prête et se montrera au niveau du rendez-vous mondial après les bons matchs disputés pendant la préparation face a des adversaires de qualité.
Place maintenant au premier match face à l’Angleterre le 18 juin à Volgograd pour confirmer la bonne santé et arracher un résultat positif qui ouvrirait les portes de la qualification pour le deuxième tour, un rêve tant caressé par les millions de Tunisiens depuis 4 décennies…