Tunisie : Quel est l’avenir des enfants issus de relations hors mariage ?

En Tunisie, la naissance d’enfants issus de relations hors mariage est condamnée socialement. De nombreuses mères se trouvent contraintes d’abandonner leur enfant sous la pression sociale. Selon le ministère des Affaires sociales,1.300 enfants naissent chaque année de mères célibataires, dont 600 en moyenne sont abandonnés et placés dans des établissements d’accueil.

Ces établissements sont : l’Institut National de Protection de l’Enfance (INPE), unique structure publique qui s’occupe d’enfants sans protection familiale et les 13 pouponnières associatives qui se sont mis en réseau : le RAET (Réseau Amen enfance Tunisie). Il leur permet de parler d’une même voix auprès des pouvoirs publics et de leurs autorités de tutelle et de développer des actions communes (sensibilisation et plaidoyer pour les droits des enfants sans protection familiale, échanges d’expériences, recherches d’appuis).

Le RAET pend en charge les enfants dès leur naissance, en général pour quelques mois, jusqu’à leur adoption ou placement en famille d’accueil. Dans les pouponnières associatives, quand des enfants atteignent l’âge de deux ans sans être adoptés, ils sont alors transférés à l’INPE.

Les pouponnières associatives sont placées sous la tutelle du ministère des Affaires sociales, plus spécifiquement de sa Direction générale de promotion sociale (DGPS), qui exerce une tutelle administrative et technique, et de l’INPE qui organise le placement des enfants en familles d’adoption, kafils (familles de tutelle) ou d’accueil.

Les pouponnières associatives accueillent en moyenne 300 enfants par an, soit la moitié des effectifs d’enfants abandonnés chaque année, l’autre moitié étant placée à l’INPE. Elles ont une capacité d’accueil maximale de 12 enfants, mais plusieurs d’entre elles en accueillent jusqu’à 20. Les besoins en termes d’accueil et de prise en charge de ces enfants sont croissants. Nombre d’entre eux sont en liste d’attente dans les maternités des hôpitaux, parfois pendant plusieurs mois, avec de graves conséquences sur leur santé psychique et physique.

Face à ces besoins croissants, l’organisation des pouponnières reste fragile et la prise en charge ne répond pas pleinement aux besoins des enfants. Les situations sont diverses d’une pouponnière à une autre, mais dans certaines d’entre elles les enfants se retrouvent en situation de grande vulnérabilité et sont exposés à des risques de troubles plus ou moins profonds et irréversibles dans la structuration de leur personnalité et leur développement psychomoteur.