Prix du meilleur documentaire à la Berlinale en février 2017, le film “Ghost Hunting” (la chasse aux fantômes) du palestinien Raed Andoni concourt dans la compétition officielle des longs métrages documentaires de la 28ème édition des Journées Cinématographiques de Carthage (JCC).
Pour parler du film, trois questions ont été posées par l’agence TAP au réalisateur palestinien en marge des JCC qui se poursuivent jusqu’au 11 novembre 2017.
Evoquant l’idée du film, Raed Andoni a indiqué que le documentaire commence par l’invitation d’un groupe d’anciens détenus ayant séjourné comme lui dans le centre d’interrogatoire al-Moskobiya à Jérusalem pour reconstruire le décor du centre de détention.
“A mesure qu’ils bâtissent un décor carcéral, j’ai demandé aux anciens détenus de répéter à la fois des rôles de gardiens et de détenus” a ajouté Andoni en soulignant que cette démarche a permis de mettre le détenu face à sa mémoire, ses angoisses et sa douleur.
Au sujet des raisons du choix du documentaire au lieu de la fiction dans le traitement du texte, Andoni a fait savoir que l’idée initiale était d’écrire une fiction autour de l’expérience de détention dans les prisons israéliennes rappelant à ce sujet que 20% des palestiniens ont été arrêtés au moins une fois dans ces prisons.
Et d’ajouter “au cours de la période de la collecte des témoignages des anciens détenus, j’ai constaté que dans la réalité il y a des sentiments profonds qu’une fiction ne peut pas porter”.
“Le documentaire permet de mettre en scène d’une façon authentique des personnages réels à l’image de la société palestinienne ou arabe qui est constamment sous pression sujette à toute forme de violence et d’injustice “a-t-il encore estimé.
Le réalisateur palestinien a tenu, par ailleurs, à souligner que l’expérience du film était pour les anciens détenus une expérience cathartique où l’ancien détenu se libère de l’image de l’héros inébranlable pour mettre à nu ses plus profonds sentiments et de découvrir à nouveau son humanité.
“Dans ce documentaire j’ai voulu rendre hommage à ces anciens détenus qui ne sont pas des victimes mais des survivants qui ont su transformer la douleur profonde en une force positive capable de transformer la laideur de la prison en une œuvre artistique” a-t-il dit.
Evoquant l’expérience des JCC, le réalisateur palestinien a mis l’accent sur la spécificité du public “Au delà du tapis rouge et de la fête, le public des JCC reste un public unique dans sa sensibilité et sa manière de se laisser emporter par les sentiments et les questions suggérés par le film”.