FIC2017 : “Lemdina” une ballade musicale aux confins de l’univers musical tunisien des années 30

Le spectacle “Lemdina” présenté lundi soir lors de la quatrième soirée du festival international de Carthage (FIC2017) fut une ballade musicale aux multiples registres du patrimoine musical de Tunisie dès le début du 20ème siècle.

Conçu par le musicien Nafaa Allani dans une mise en scène de Amel Olwane, le public bien que peu nombreux, a eu droit à savourer un cocktail de chansons qui remontent aux années 30 dont certaines, interprétées par des artistes tunisiens de toutes générations, sont devenues célèbres alors que d’autres ont été vouées à l’oubli.

Portées de nouveau à jour, ces chansons, allant aux confins de la Tunisie musicale profonde et plurielle, ont été servies au grand plaisir de l’assistance, dans une opérette où le chant, la musique, la poésie et l’expression corporelle ont été réunis sans oublier le conte dont le ton a été donné par “el hakawati”, l’historien Abdesattar Amamou qui, au début de chaque tableau, racontait l’ambiance de jadis à Tunis, celle d’avant 1934, celle à l’aube de la création de la Rachidia et la révolution qu’a connu la scène musicale à cette époque jusqu’à nos jours.

Le tout a commencé par le morceau “Netchasguem”, (mot berbère qui veut dire je t’aime), composé par Nafaa Allani, suivi par la célèbre chanson “Fel Berrima” de Cheikh El Afrit de son vrai nom Issim Israel Rozzio, l’un des célèbres chanteurs juifs natifs de Tunisie connu par son interprétation des chansons arabes tout en excellant dans les maqâms tunisiens.

Dans ce feed-back, la chanteuse Mira de son vrai nom Amira Rezgui a chanté pour Béchir Mezrahi alias Achel Mezrahi dans ” Ena qalbi teb ya baba”, un artiste tunisien d’origine juive qui a composé plusieurs chansons au cours des années 30 et 40 pour des artistes tunisiens comme Cheikh El Afrit et Hasiba Rochdi.

Faisant revivre les plus célèbres voix de la communauté juive en Tunisie, l’opérette a donné à écouter des morceaux comme “Chérie combien je t’aime” de Louisa Ettounisia, “Hbibi louwel” de Hbiba Msika et bien d’autres.

Dans ce détour musical, c’est un hommage qui fut rendu également à la mémoire de Saliha en interprétant son célèbre titre “Ordhouni zouz sbeya” de Mohamed Jamoussi, et “Cavaliero”, une chanson qui a embarqué l’assistance dans une ambiance andalouse au rythme des danses espagnoles.

En dernière partie de la soirée, Nafaa Allani a chanté de son propre répertoire comme “rouh errouh” du poète Yassine Hamzaoui, avant de clôturer avec un tableau chorégraphique intitulé “Etthouwar” (les rebelles) livrant à travers des danseurs vêtus en jebbas, jelbebs, robes courtes et tenues modernes, un message fort: la Tunisie est plurielle et ouverte à tous.