Réunis lundi à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), les membres de la commission d’enquête sur les réseaux d’envoi des jeunes Tunisiens dans les zones de conflit ont convenu de consacrer la réunion prévue le 17 juillet prochain à l’audition du ministre des Affaires étrangères ou de la Défense nationale.
La réunion s’est tenue sous la présidence de Héla Omrane (Nidaa Tounes), pour la première fois depuis la décision du mouvement Nidaa Tounes d’évincer la députée Leila Chettaoui de la présidence de la commission et de geler son adhésion au parti “pour avoir enregistré et fuité les discussions du comité politique du mouvement”.
Leila Chattaoui, qui a rejoint le groupe parlementaire du mouvement Machrou Tounes, s’est interrogée sur la raison pour laquelle la décision d’adresser une correspondance au parlement syrien (depuis le 14 avril dernier), pour obtenir des informations sur les parties qui ont facilité l’envoi de tunisiens en Syrie, n’a pas été activée. D’autant, a-t-elle insisté, que la partie syrienne a fait part de la disposition d’apporter son aide à ce sujet.
Pour Sahbi Ben Frej (Machrou Tounes), “des parties” au sein de l’administration de l’ARP s’emploient à entraver la commission. Il a prévenu que si cela continue, il sera dans l’obligation d’en divulguer les noms.
De son côté, le rapporteur de la commission Farida Labidi (mouvement Ennahdha) a demandé à ce que ses travaux se déroulent dans le cadre de la transparence et de l’impartialité et se tenir à l’écart des tiraillements politiques.
Elle a attiré l’attention sur l’absence de cadre juridique organisant les travaux des commissions d’enquête, appelant les groupes parlementaires à se mettre d’accord sur un projet de loi qui amende le règlement intérieur de l’ARP de manière à définir les prérogatives de ces commissions et à en clarifier les objectifs. Pour elle, la reprise des relations diplomatiques avec la Syrie ne relève pas de la compétence du pouvoir législatif mais de celui du président de la République et du ministre des Affaires étrangères. Donc, a-t-elle estimé, on ne peut voter une question qui est, par ailleurs, illégale.
Quant à la députée Yamina Zoghlami (Ennahdha), elle a proposé d’écouter les prisonniers dont l’implication dans les réseaux d’envoi des jeunes dans les zones de conflit a été prouvée et qui font l’objet d’un jugement ferme. Elle a demandé également l’audition de l’ambassadeur de Tunisie à Tripoli (Libye) sous la Troïka, Ridha Boukadi.
Pour le président du groupe parlementaire d’Ennahdha, Noureddine Bhiri, il ne faut pas anticiper les travaux de la commission en avançant de fausses accusations et perturbant ses activités par des déclarations irresponsables.
La présidente de la commission, Héla Omrane a jugé que la recherche de la vérité doit s’effectuer à l’intérieur du pays avant de la mener à l’extérieur. Entrer en contact avec la partie syrienne exige de se conformer aux traditions diplomatiques tunisiennes, a-t-elle soutenu.
Tarak Ftiti (Union patriotique libre) a demandé, quant à lui, le respect des procédures dans le choix du président de la commission à travers la réélection de son nouveau président et non pas sa désignation par le président de l’ARP. Ce qui a été contesté par les députés de Nidaa Tounes Hassen Amari et Héla Omrane qui ont expliqué que la décision de remplacer la présidente de la commission revient au parti.