Existe-t-il une différence en ce qui concerne la présence de la femme tunisienne et algérienne réellement dans la vie politique avant et après 2011? Dans une rencontre-débat intitulée “La transition démocratique : bilan et perspectives”, l’invitée de la foire internationale du livre de Tunis, la chercheuse algérienne Marnia Lazreg, brosse plutôt un tableau sombre; il s’agit pour elle d’un semblant de participation active des femmes dans les postes de décision dans leurs pays, un constat qui s’avère cacher en réalité un mode conventionnel d’exclusion.
Connue pour ses recherches sur les questions du genre et de la constitution de l’identité dans les sociétés ayant vécu des périodes transitoires, elle a, dans une intervention hier à la foire du livre de Tunis, présenté une approche critique. Elle a, dans ce sens, mentionné que les expériences algérienne et tunisienne sont similaires étant donné que les deux pays disposent de mêmes spécificités historiques et sociétales et ont connu après l’indépendance des deux pays l’émergence de courants qui ont plaidé pour la liberté des femmes.
En ce qui concerne l’expérience tunisienne, la conférencière a évoqué l’impact de l’instrumentalisation politique du militantisme de la femme dans la société et dans la vie politique avant la révolution du 14 janvier 2011 et après.
En effet, a-t-elle mentionné, associer la femme dans la vie politique est resté en deçà des espérances dans la mesure où la femme a été auparavant un moyen manipulé par les politiciens pour garantir une image d’or d’un système qui était loin de la réalité.
Après la révolution et en dépit de l’institution du principe d’équité dans les élections législatives en 2014, la présence des femmes en tête de listes électorales est restée néanmoins faible.
Parlant de l’expérience algérienne, la chercheuse a précisé que la libération de la femme en Algérie n’a pas atteint le niveau escompté et ne vas pas de pair avec les législations relatives aux droits de la femme faisant remarquer que la participation de la femme dans la vie politique actuellement et sous le régime de Abdelaziz Bouteflika n’a pas dépassé le nombre de cinq femmes, une participation très médiocre a-t-elle relevé.
Professeur en sociologie à l’université de New York, la conférencière a à son actif plusieurs publications qui traitent essentiellement des mouvements féministes dont “La rhétorique du silence: la femme algérienne en question” ( 1996).