Près de 3000 participants dans le rassemblement contre le retour des terroristes des foyers de tension devant le parlement au Bardo

Hommes et femmes, jeunes et moins jeunes, étudiants, enseignants, journalistes et avocats ont convergé samedi vers l’Assemblée des Représentants du Peuple pour opposer un non catégorique au retour des Tunisiens des foyers de tension. Ils ont également plaidé contre toute transformation de la Tunisie en vivier du terrorisme à travers la ” loi du repentir “.

Ce mouvement est unique dans le monde arabe, il marque le début d’une dynamique citoyenne dont le but est d’inciter et de convaincre tout tunisien qu’il est maître de son destin et qu’à ce titre il doit agir pour changer les choses sans compter sur les partis politiques ou les activistes professionnels. Au Bardo le peuple à agit pour défendre le peuple !

Aux alentours de 11h30, un journaliste allemand a évalué le nombre de participants à 3000.  Ils avaient commencé à affluer depuis 10h.  Cet appel à manifester a été organisé par ” Le Collectif des citoyens de Tunisie “, un mouvement citoyen auquel se sont jointes 30 associations de tout le territoire national, affirme Sami Handous, un des organisateurs du rassemblement.

” Tous concernés, tous menacés “, ” Non au terrorisme “, ” Pas de liberté pour les groupes terroristes “, ” Pourquoi les gouvernants de la Tunisie ont-ils peur ? “. Tels sont les slogans scandés par les manifestants. De nombreuses voix se sont élevées pour dénoncer la politique de l’Etat sur cette question. D’autres ont accusé directement des responsables de partis et des figures de la scène politique d’être derrière l’envoi de jeunes personnes dans les foyers de tension.

Les manifestants avaient placé la barre haut en exigeant de L’Etat de refuser le retour des terroristes. Le but était de l’interpeller sur les garanties de l’application automatique de la loi antiterroriste sur les assassins habitués à couper les têtes et à la violence et la torture. Les manifestants ont appelé L’Etat à assumer ses responsabilités dans la protection des vies des Tunisiens innocents.

La société civile défend avec véhémence, l’idée que les terroristes doivent être traduits devant la justice tunisienne dans le cadre de la loi antiterroriste. Me Besma Belaid, épouse de Chokri Belaid, assassiné le 6 février 2013, estime, quant à elle, que l’ensemble du système judiciaire en Tunisie doit être révisé avant d’engager des poursuites judiciaires contre de telles personnes. “Je suis une citoyenne tunisienne frappée par le terrorisme et je ne veux pas que d’autres tunisiennes subissent le même sort que moi”, affirme-t-elle.

Justifiant sa participation au rassemblement, le chroniqueur Lotfi Laamari avance: on ne peut parler de ” neutralité ” dans de telles conditions sociopolitiques. ” La Tunisie est appelée à faire face et à s’opposer au retour de ces terroristes en Tunisie”. Selon lui, une fois de retour, ces terroristes formeront une armée parallèle surtout avec les dépôts de munitions et d’armes qui n’ont pas encore été découverts en Tunisie.

Pour sa part, Salma Baccar ancienne députée à l’Assemblée Nationale Constituante a affirmé qu’il n’existe aucune volonté politique pour lutter contre la menace terroriste ou pour traduire ces personnes devant la justice. ” Malgré ma participation à l’écriture de la Constitution qui garantit le droit de retour en Tunisie à tous les Tunisiens, je pense que cela dépend des circonstances et que ce droit ne peut être appliqué dans les circonstances actuelles “, explique-t-elle.

Bouthaina Cheikh Ezzine, porte-parole du Collectif des citoyens de Tunisie, a affirmé que les manifestants étaient venus pour exprimer la voix de toutes les mères qui ont peur pour leur enfants de cette idéologie terroriste. ” La Tunisie doit protéger ses enfants avant de protéger ces terroristes qui ont fait du tort à leur nationalité et à leur pays pour rejoindre les zones de tension “, soutient-elle.

Rappelons que l’assesseur chargé de l’Information et de la Communication à l’ARP, Mongi Harbaoui, a affirmé à l’agence TAP qu’aucun projet de loi sur le retour des Tunisiens des zones de conflit (Loi du repentir) n’a été déposé auprès du bureau de l’ARP, ni auprès de la présidence du gouvernement “. Ce qui devrait mettre et gouvernement et députés devant leurs responsabilités dans la protection du peuple tunisien.