L’Assemblée des représentants du peuple (ARP) entamera, vendredi, la discussion du budget de l’Etat pour l’année 2017, par l’audition de la déclaration du gouvernement et du rapport général sur le budget de l’Etat.
Le débat budgétaire intervient, faut-il noter, dans un climat de consensus entre partis politiques et groupes parlementaires laissant présager une adoption rapide du budget de l’Etat 2017.
Le gouvernement Youssef Chahed et l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) tardent encore, quant à eux, à s’accorder sur le report à l’année prochaine des majorations salariales.
Interrogés à ce propos, des représentants de blocs parlementaires, des députés et autres responsables gouvernementaux en parlent.
Dans une déclaration à la TAP, le ministre auprès du chef du gouvernement chargé des relations avec l’ARP, Iyed Dahmani, prévoit l’adoption du budget ” dans un esprit de consensus “.
” Nous sommes actuellement en pourparlers avec la centrale syndicale “, a-t-il dit, estimant que toutes les décisions prises par le gouvernement sont ” judicieuses “.
Le président du bloc de l’Union patriotique libre (UPL), Taoufik Jemli, estime, pour sa part, que les réserves émises plusieurs parties sur le projet du budget de l’Etat auront un impact sur le déroulement du débat budgétaire, notamment, sur la première séance de vendredi au cours de laquelle Youssef Chahed va présenter la déclaration du gouvernement.
Taoufik Jomli a, par ailleurs, fait état d’une absence de concertation sur le budget de l’Etat entre le chef du gouvernement et les partis et organisations signataires du ” Document de Carthage “.
Selon lui, les partis censés soutenir le gouvernement sont ceux-là mêmes qui cherchent à faire tomber certains articles de la loi des finances 2017, alors que, note-t-il non sans ironie, l’opposition soutient le projet de loi de finances.
De son côté, l’élu du mouvement Al-Irada (groupe démocratique), Imed Daimi, considère que l’examen des budgets des différents ministères par les commissions du parlement a révélé une certaine confusion chez les partis pro-gouvernement.
Cela atteste, également, du fait que le budget de l’Etat a été élaboré de manière technique par l’équipe gouvernementale, sans contribution aucune de ces partis, a-t-il dit.
Des avis partagés autour du projet de budget de l’Etat proposé par le gouvernement Chahed
S’agissant de la séance de vendredi, Daimi pense que la présidence du gouvernement appréhende ce moment. Selon lui, le gouvernement ” n’a pas préparé comme il se doit le projet de budget de l’Etat et ne dispose pas de vision pour la Tunisie 2017 “.
Le président du groupe du Front populaire, Ahmed Seddik, a estimé que l’examen des budgets alloués aux instances constitutionnelles et de contrôle a laissé entrevoir chez le gouvernement ” une tendance à faire échouer l’action de ces instances en les privant des ressources financières requises ” ainsi qu’un manque de sérieux quant à son engagement pour lutter contre la corruption.
Hsouna Nasfi du Projet de la Tunisie (Machrou Tounes) a, de son côté, relevé une grande divergence de vues entre les partis pro-gouvernement, ce qui, selon lui, est ” un indicateur très négatif “.
De tels indicateurs, a-t-il dit, dénotent aussi de l’absence d’une vision claire quant à l’avenir du pays, s’agissant notamment, de l’établissement des équilibres financiers.
Pour Noureddine Bhiri, président du groupe parlementaire d’Ennahdha, il faut faire prévaloir l’intérêt du pays lors du débat budgétaire 2017 aux dépens de toute autre considération.
Concernant le projet de budget de l’Etat pour l’année 2017 et les réserves dont font l’objet certains de ses articles, les avis des partis politiques et des acteurs gouvernementaux ont été pour le moins mitigés.
Le ministre chargé des relations avec l’ARP, Iyed Dahmani parle de ” projet complet et fin prêt mais dont certains articles devraient être examinés “.
Iyed Dahmani a annoncé le lancement prochain d’un dialogue avec le gouvernement sur les articles reportés avant de les soumettre à la plénière, assurant qu’ ” aucun de ces articles ne sera rejeté de manière définitive “.
Pour leur part, les groupes parlementaires d’Afek Tounes et de Nidaa Tounes ont réaffirmé leur disposition à soutenir le projet de budget de l’Etat avancé par le gouvernement.
Le président du bloc de Nidaa Tounes, Sofiene Toubel, assure, quant à lui, que son bloc tiendra, tout de même, compte des propositions d’amendement qu’il soumettra à la commission des finances et à la plénière.
Le député Hsouna Nasfi exclut l’hypothèse de l’adoption de la loi des finances dans sa version actuelle.
De son côté, le président du bloc Front populaire, Ahmed Seddik, assure que le front usera de tous les moyens constitutionnels et juridiques légitimes et s’opposera fermement aux tentatives de faires passer par la force ce projet de loi.