Invité du cinquantenaire des Journées Cinématographiques de Carthage (JCC), Ardiouma Soma, Délégué Général du Festival Panafricain du cinéma et de la Télévision de Ouagadougou (Fespaco) a parlé de cette longue histoire entre le Fespaco, les JCC ainsi que de l’état des lieux du cinéma africain.
Dans un entretien accordé à l’agence TAP, Ardiouma Soma a surtout évoqué l’aspect pionnier du Fespaco, créé en 1969, “tout comme son ainé” le festival des JCC.
Une relation de collaboration et de coopération existe à partir du début des années 70 entre les deux festivals depuis leur lancement d’une façon simultanée, en 1966 et 1969, et ce, sous l’égide de la Fédération panafricaine des cinéastes (Fepaci): les années paires pour les JCC et les années impaires pour le Fespaco qui demeure toujours une manifestation biennale, contrairement aux JCC devenues un festival annuel depuis déjà deux ans.
En terme d’échange, de formation et de programmation, les organisateurs des JCC sont présents à toutes les éditions du Fespaco, et vice-versa, précise le délégué général du Fespaco, faisant état d’une “coopération toujours forte”, entre les deux manifestations. Ouagadougou “ne rate aucune édition des JCC qui constitue un cadre propice à l’échange des expériences” entre cinéastes, producteurs et pour discuter comme pour cette 27ème édition, de la programmation “espaces” à trois mois de la prochaine édition du Fespaco prévue du 25 février au 4 mars 2017.
Comme tous les festivals cinématographiques dans le monde, les JCC et le Fespaco sont des forums de débats sur la situation de l’industrie du cinéma et audiovisuel dans le continent africain. En effet, cette édition des JCC, a été une occasion pour évoquer la question du patrimoine filmique et audiovisuel du Continent ce qui a permis de discuter des “enjeux et perspectives à venir, avec les moyens disponibles pour la sauvegarde de notre patrimoine”, a estimé le haut responsable du Fespaco.
Dans ce contexte, il a tenu à signaler que “le patrimoine cinématographique et audiovisuel africain est très important “. Mais un retour sur les débuts des africains, derrière la caméra, donne à penser que l’histoire du cinéma africain n’est pas aussi vieille. La vérité, selon lui, est que “l’Afrique a toujours été filmée par des chercheurs, anthropologues, sociologues, religieux et tous les colonisateurs qui avaient envahi le Continent durant de longues décennies “.
Ceci dit, l’Afrique détient “un énorme patrimoine cinématographique et audiovisuel, même si les Africains n’étaient pas les seuls concepteurs et réalisateurs de ces images sur le Continent”.
A son avis, se procurer ces images qui “font aujourd’hui partie de notre patrimoine commun”, est une question vitale afin de pouvoir “les analyser autrement pour nous en servir au mieux”. D’ailleurs, un grand travail est entamé depuis 1988 à la cinémathèque africaine d’Ouagadougou, au Burkina Faso, pour la collecte et la sauvegarde du patrimoine filmique, précisant ” qu’avec les moyens de bord, des milliers de copies d’anciens films sont déjà collectés”.
S’agissant de la qualité des œuvres des jeunes cinéastes, il parle d’un cinéma africain qui a connu une évolution sur plusieurs étapes, avec les pionniers qui ont eu la tache de présenter une Afrique nouvellement indépendante et ses difficultés liées au néocolonialisme et au conflit entre générations de cinéastes.
Les nouvelles technologies et le numérique ont surtout favorisé l’émergence de professionnels qui font du cinéma urbain sur une nouvelle Afrique évoluée et ses nouveaux problèmes et préoccupations. Ardiouma Soma estime que cette évolution est le signe d’un cinéma dynamique qui révèle le côté artiste chez “le cinéaste qui se sert de l’outil pour exprimer ce qu’il vit et ce qu’il voit autour de lui”.